Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Ce jeudi, un petit ouvrage à paraître le 17 mai, vendu cinq euros : c’est la nouvelle édition du “Guide du manifestant arrêté”. Vendu avec un slogan : "Le livre à glisser dans sa poche avant de descendre dans la rue".
C'est la mise à jour d’un petit bouquin qu’on trouve déjà en ligne gratuitement dans une édition de 2019, téléchargé 15000 fois.Ca peut servir si vous avez l’intention de participer à des manifs musclées. C'est le Guide du Routard de la garde à vue, le Petit fûté du Commissariat, le Michelin du mis en examen.
C’est sérieux ?
Très sérieux ! Comment est-ce qu’un ouvrage rédigé par des membres du syndicat de la magistrature ne le serait-il pas ? Vous avez bien entendu : ce sont des juges, des procureurs syndiqués qui donnent leurs meilleurs conseils à des interpelés. Le Syndicat de la magistrature se dit “fidèle à sa tradition d’accompagnement des luttes et des revendications du mouvement social”. Vous pensiez naïvement que les juges étaient là pour rendre la justice, pas du tout. Ceux du syndicat de la magistrature ont choisi leur camp.
Qu’est-ce qu’on y apprend ?
“On vous contrôle ? On vous arrête ? On vous reproche une infraction ? On vous juge en comparution immédiate ? On vous fiche ? Ce petit guide vous explique vos droits et le déroulement légal des procédures. Il vous propose aussi des conseils pratiques pour savoir comment réagir au mieux face à chaque situation.” Comment distribuer des petits papiers avec vos coordonnées aux personnes qui pourraient témoigner en votre faveur en cas d’interpellation. Comment garder le silence devant les policiers. Comment faire bonne impression au tribunal en mettant en avant sa stabilité. On vous explique aussi quels sont les motifs de nullité des procédures et comment faire nettoyer son casier judiciaire.
Il s’agit, je cite l’édition de 2019 de réagir “face au pouvoir installé dans une frénésie législative et policière avec pour conséquence, et parfois pour finalité, la répression de l’expression collective”. L’iconographie ne trompe pas. Y'a du mégaphone, du policier à bouclier, C’est beau comme un tract d’ultra gauche. Pour l’impartialité de la justice, on repassera.
Un drôle de mélange des genre.
Oui. Que des avocats ou des officines militantes, éditent ce genre de brochure, ils seraient dans leur rôle. Mais des magistrats qui donnent, à mots couverts, des trucs et astuces pour minimiser l’application de la loi, c’est choquant. Cela éclaire d’une lumière crue le sentiment de laxisme que donnent, souvent, les décisions de justice face aux auteurs des manifs qui dérapent.
Le syndicat de la magistrature, souvenez-vous, c’était ce fameux "mur des cons" sur lequel on punaisait, les visages des parents de victimes de crimes, jugés trop vindicatifs. Il est constant. Ceux qu’ils prend maintenant pour des cons, ce sont nous tous, citoyens qui respectons la loi quand il cajole de ses conseils ceux qui sont prêts à l’enfreindre.