Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Un chiffre terrible. Celui des violences conjugales. Les services de police et de gendarmerie ont enregistré 271 000 victimes en 2023.
Chiffres communiqués hier par le ministère de l’intérieur. Marqués par une hausse de 10% en un an... Et par un doublement depuis 2016.
Qu’est-ce qui explique cette augmentation si importante ?
Paradoxalement, une amélioration de la situation. Pas celle des victimes en elles-mêmes... Mais, selon les services du ministère de l’intérieur, un « contexte de libération de la parole et d’amélioration des conditions d’accueil des victimes ».
Le tabou social autour des violences conjugales existe encore, mais il est en train, lentement, de se lever. Ca tient à plusieurs choses, les campagnes de prévention, la publicité faite autour du numéro d’appel gratuit 3919, un traitement médiatique accru et aussi la formation des policiers et des gendarmes pour mieux recueillir témoignages et plaintes.
Les violences sont encore largement sous-déclarées
Les services de l’Etat reconnaissent qu’une grande partie des faits n’est jamais signalée, où l’est très tardivement. Une enquête statistique menée en 2022 par les services de l’Etat estimait que seules 14 % des victimes avaient porté plainte pour les faits subis dans l’année. Il y a encore un immense chemin à parcourir. 115 homicides conjugaux ont été commis en France en 2023.
Qu’est-ce que l’on sait des victimes ?
Elles sont à 85% des femmes, à 15% des hommes. Les mis en cause sont à 86% des hommes. La plupart des victimes, les trois quarts, ont entre 20 et 45 ans. Pour ce qui concerne les violences en elles mêmes, dans les deux tiers des cas, ce sont des violences physiques, pour le tiers restant, des violences verbales ou psychologiques, du harcèlement et des menaces. Quatre pour cent des victimes rapportent des violences sexuelles. Une forme d’abus n’excluant pas l’autre. Pour 2 % des victimes, les faits ont mené au suicide ou à une tentative de suicide.
Il y a de grandes disparités territoriales.
Le Pas-de-Calais, la Réunion, le Nord, la Somme et la Seine-Saint-Denis « figurent parmi les départements qui affichent les plus forts taux de victimes enregistrées pour 1 000 habitants. Pour les services de l’Etat, le "Les communes rurales affichent globalement moins de violences conjugales enregistrées" et le taux de femmes victimes de violences "augmente avec la taille des communes". Le savoir n’est pas anecdotique, cela doit permettre de mieux orienter les politiques publiques pour poursuivre la libération de la parole.