Wokisme : les entreprises américaines se rebiffent

  • Copié

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

L’entreprise américaine Caterpillar, qui fabrique des engins de chantier, a annoncé la semaine passée renoncer à une partie de sa politique interne d’inclusivité. Le début de la fin du wokisme ?

Petit point technique pour comprendre. Caterpillar remet en cause ce qu’on appelle aux Etats Unis sa politique DEI, pour Diversité, Equité et inclusion  - les mesures de promotion des personnes de toutes origines religieuse sociale ou raciales (on est aux Etats-Unis, on emploie le terme), de toutes orientations sexuelles ou de genre.

Et donc, c’est fini l’inclusivité chez Caterpillar ?

L’entreprise ne le dit pas comme ça. Mais la promotion de la diversité n’est plus une ligne directrice pour le management. Carterpillar va axer ses programmes de formation  sur la promotion de la « haute performance », fini, donc les ateliers sur la diversité. Ca aura aussi une influence sur la politique de dons et de parrainages de l’entreprise

Ce n’est pas la seule entreprise à prendre ce chemin.

Le mouvement qui prend de l’ampleur dans les grandes entreprises américaines ces dernières semaines. Ca a été le cas, à des degrés divers, de Harley Davidson, de la chaîne de magasins d’équipement de la maison Lowe’s, du tractoriste John Deere. Fin août, Ford a annoncé réduire ses politiques DEI. Ford, qui en 2017 avait reconnu par une association LGBT comme l’un des meilleurs endroits où travailler a même annoncé qu’elle ne participerait plus aux enquêtes de l’association sur ce sujet.

Mais pourquoi font-elles marche arrière ?

Ces grandes entreprises avaient mis en place des programmes DEI en 2020, et le mouvement Black Lives Matters. Ca partait d’un excellent sentiment. Mais celles qui ne le faisaient subissaient des campagnes de boycott. La “cancel culture” appliquée aux entreprises. 
Bon : économiquement, les politiques DEI n’ont pas eu d’effets époustouflants sur les performances, mais ce n’est pas le problème. Si les entreprises renoncent, c’est parce qu’elles sont maintenant, par retour de balancier, la cible d'autres activistes qui se définissent comme “ antiwoke”, et qui appellent... au boycott de celles qui poussent trop loin le DEI. Exemple, Budweiser a vu ses ventes s’effondrer après avoir choisi une égérie trans pour promouvoir sa bière.

Qu’est-ce que ça dit, ces hésitations des entreprises, au gré des pressions sociales ?

Que les entreprises se sont trompées en acceptant de devenir des terrains de luttes politiques. Les militants intersectionnels en ont fait des expérimentations grandeur réelle de la tyranie de la minorité. Les militants “antiwoke”, pas beaucoup plus fins, voudraient en faire des machines à régression sociale.

Dans un cas, comme dans l’autre, il n’y a que des coups à prendre.  Une entreprise, pour vivre et grandir, doit parler au plus grand nombre, faire consensus à l’extérieur et à l’intérieur. C’est à dire suggérer à ce petit monde agité d’aller débattre ailleurs et recommencer à promouvoir l’effort et le mérite individuel, sans distinction de race, de genre, de sexe, pour le bien économique collectif.

Les chroniques des jours précédents