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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Une vieille dame malade. L’entreprise Tupperware, au bord de la faillite

78 ans, et pas en grande forme. L’entreprise américaine Tupperware, dont tout le monde connaît les boîtes en plastique, c’est devenu un nom générique, s'est mise en faillite hier.  Elle va tenter de sauver sa peau, opération de la dernière chance. Tupperware va mal depuis un moment. 1,2 milliards de dollars de dette Autant que le chiffre d’affaires. Les ventes qui baissent depuis des années, elles ont été divisées par deux depuis 2018.

Il y avait eu du mieux au moment après le Covid, quand les gens confinés avaient repris l’habitude de cuisiner. Ils avaient racheté des boîtes Tupperware pour stocker les aliments. Mais ça fait quand même un moment que ce n’est plus la fête.

Tupperware n’est plus dans l’air du temps.

Tupperware cumule des handicaps qui sont en fait l’histoire de l’époque. D’abord, le plastique a mauvaise presse. Les clients n’en veulent plus et Tupperware a eu beau changer ses méthodes, utiliser des polymères recyclés, il n’a pas fait le poids face aux boîtes en plastique végétal et autres boites bento à base de bambou. Tupperware, dans l’esprit de beaucoup, ça fleure le tout plastique des seventies. Pas très juste pour une entreprise qui a vraiment fait progresser la conservation saine des aliments avec sa technologie de fermeture étanche.

C’est aussi une entreprise qui pâtit des changements profonds des habitudes de consommation.

Oui et c’est paradoxal car Tupperware et ses boîtes en plastiques mal-aimé est victime de ce qui se fait de moins vertueux dans notre époque.

D’abord le boom, l’explosion de la livraison de repas. Une victime collatérale d’Uber Eats et autre Deliveroo, qui viennent jusque sur les lieux de travail déposer d’autres boîtes en plastique jetables, celles-là. On n’emporte plus son déjeuner dans une boite réutilisable, on s’en fait livrer un autre dans des emballages à usage unique.  Ironie amère

Quant à la méthode de vente de Tupperware, elle aussi, elle ne l’a pas servie.

Elle ne le sert plus, surtout. Parce que la vente directe et à base de socialisation, par des ambassadrice Tupperware qui faisait la démonstration du produit et des recettes qui allaient avec, c’était un coup de génie. La force de frappe commerciale est encore énorme, Tupperware revendique 465 000 vendeurs indépendants dans 70 pays.

Mais il y a d’autres vendeurs qui viennent jusqu’à vous, maintenant. Amazon, par exemple, qui permet les achats depuis un canapé. Et Tupperware a eu beau essayer de raccrocher des wagons, de signer des accords avec des enseignes comme Target aux États-Unis. Les clients ne savent plus trop où les acheter. C’est un peu triste. Parce que Tupperware a été une source de grand progrès féministe. Oui oui. L’entreprise a été pour beaucoup de femmes dans le monde un accès à des revenus pour elles-mêmes, quand le fait qu’elles travaillent était mal vu. Une petite conquête d’indépendance économique, depuis la maison. Rien que pour ça. Merci Tupperware.