Dans Historiquement Vôtre, Clémentine Portier-Kaltenbach vous raconte un héros américain de la Seconde Guerre mondiale. En avril 1945, en pleine guerre du Pacifique, le caporal-infirmier Desmond Doss (1919-2006) sauve la vie de plusieurs dizaines de soldats. Pour avoir refusé de porter une arme et de tuer ses adversaires, il recevra la plus haute distinction militaire des États-Unis.
Desmond Thomas Doss, caporal et infirmier dans l'armée des Etats-Unis pendant la seconde guerre mondiale, est connu dans le monde entier comme le héros de guerre qui a refusé de tuer. Il est né à Lynchburg, en Virginie, en février 1919 et est élevé dans une famille (et notamment par une mère) qui appartient à un courant du protestantisme qui s'appelle les Adventistes du septième jour.
Les Adventistes du septième jour sont ceux qui considèrent que le Christ arrivera très bientôt et que Dieu ne s'est pas reposé le septième jour. C’est une des 350 églises protestantes des Etats-Unis. Desmond Doss est donc élevé dans la non-violence mais à la veille de la guerre, il voudrait tout de même faire son devoir. Mais pas question de porter une arme, pas question de tuer un soldat ennemi.
Il suit donc tout naturellement une formation d'infirmier et il est intégré dans une unité d'infanterie qui part dans le Pacifique, où les Etats-Unis interviennent depuis l'attaque de Pearl Harbor. Il se retrouve au beau milieu du feu, puisque c'est alors la bataille d'Okinawa.
Il refuse de laisser les blessés
En avril 1945, son bataillon se bat à un endroit un peu particulier. Imaginez une sorte d'escarpement qui mesure 120 mètres de haut, l'escarpement de Maeda, qui pour les Etats-Unis et pour les Américains va devenir Hacksaw Ridge. Il faut parvenir à grimper au sommet de cette falaise abrupte, car c’est au sommet que se déroulent les combats.
Les soldats y accèdent par un système d’échelle et lorsqu’ils y arrivent enfin, ils sont accueillis par des tirs de mortiers et des mitrailleuses japonaises. C’est un véritable massacre, au point que le bataillon de Desmond Doss reçoit l’ordre de battre en retraite. Doss, lui, décide de rester. Il refuse de laisser les blessés sur place.
Au péril de sa propre vie, il reste dans cet espace, constamment balayé par les balles ennemies. Il prend les blessés l'un après l'autre sur son dos, et les porte jusqu'au bord de la falaise. Là, il les fait descendre en rappel sur une civière, et chaque blessé américain est récupéré par les soldats restés en bas.
Dans les jours qui suivent, il sauve bien d'autres soldats. Il rampe jusqu'à eux sous le feu, ou il reste avec le blessé le temps que les secours arrivent. À chaque fois il sauve ses camarades sous le feu ennemi, et il s'en sort, comme par miracle.
Un jour toutefois, il est lui-même blessé au bras. Lorsqu’il examine la gravité de sa blessure, il exige de quitter la civière dans laquelle on l’a mis pour la laisser à un blessé plus gravement atteint. Il prend son fusil et attache la crosse sur son bras pour en faire une attelle. Il rampe alors sur 300 mètres jusqu’à l’ambulance.
Le seul objecteur de conscience à recevoir la médaille d'honneur
Grâce à son exceptionnelle bravoure et une détermination sans faille, le soldat de première classe Desmond Doss sauve la vie de 75 soldats. Lui-même est évacué d’Okinawa le 21 mai 1945 à bord de l’US Mercy et son nom devient un symbole dans la 77e division d’infanterie et dans toute l’armée des Etats-Unis.
En 1946, avant d’être libéré de l’armée, on lui diagnostique la tuberculose. Il va passer cinq ans et demi dans des hôpitaux avant d’être définitivement libéré en août 1951.
Ce n’est donc pas pour ses faits d’armes mais pour ses faits de bravoure que Desmond Doss est devenu le premier et le seul objecteur de conscience à recevoir la médaille d’honneur. Il meurt le 23 mars 2006, à l’âge de 87 ans. Il est enterré au cimetière national de Chattanooga dans le Tennessee.
Desmond Doss a fait l’objet d’un film, réalisé par Mel Gibson et sorti en 2016, « Hacksaw Ridge », du nom de l’escarpement que les soldats devaient grimper. En français, le titre est devenu « Tu ne tueras point ».