Diane de Poitiers (1500-1566) est la seule favorite de l’Histoire de France à avoir été plus âgée que son royal amant. Malgré les 19 années qui les séparent, elle entretient en effet une relation amoureuse avec le roi de France Henri II (1519-1559) pendant une vingtaine d’années. Surnommée la “plus que reine”, Diane de Poitiers exerce un véritable pouvoir politique et parvient à placer ses protégés à des postes importants.
Diane de Poitiers fut sans aucun doute l’une des plus célèbres favorites de l’Histoire de France. Ce qu’elle a d’extraordinaire, en premier lieu, c’est que c’est la seule favorite à être plus âgée que son royal amant. Elle a dix-neuf ans de plus que Henri II, l’a connu au berceau et lui n’a aimé qu’elle.
Diane de Poitiers a réussi le double prodige d’aimer avec sincérité Louis de Brézé, grand sénéchal de Normandie (qui avait quarante ans de plus qu’elle) et de se faire aimer d’un homme qui avait vingt ans de moins.
Une femme d'une grande beauté
Henri II a toujours aimé Diane. Quand il avait sept ans, sa liberté ainsi que celle de son grand frère a été échangée contre celle de leur père François Ier, prisonnier du roi Charles Quint en Espagne. Un échange de prisonniers fut fait sur la Bidassoa, fleuve qui matérialise la frontière entre la France et l’Espagne. Là, la plus belle dame de l’entourage de François Ier embrassa longuement les deux enfants. L’amour que le jeune Henri lui porta alors ne faiblit jamais.
L’autre caractéristique de Diane de Poitiers, si l’on en croit les portraits et sculptures ainsi que les poètes qui l’ont côtoyée (Ronsard, Du Bellay, Clément Marot), c’était sa beauté hors du commun. Quand on voit ses portraits, on se rend compte qu’elle dispose de la beauté de l’époque, très typée, un peu comme Marie Stuart dont on vantait beaucoup les traits.
Diane possède également une hygiène de vie irréprochable, un fait étonnant pour l’époque. Elle se lève très tôt, se couche très tôt, prend des bains glacés et fait beaucoup de cheval. Elle mange très peu et s’accorde un peu de sommeil dans l’après-midi, avant de faire un peu d’exercice.
Son régime de sportive est l’un de ses secrets de beauté mais ce n’est pas le seul. D’elle, on connaît son amour pour la fameuse potion à base de sel d’or. Lorsque sa tombe de marbre noir fut profanée en 1795, au moment de la Révolution, on raconte que le corps était parfaitement conservé et que sa robe avait encore un éclat extraordinaire. Mais le corps et les couleurs se sont flétris très rapidement une fois exposés à l’air libre. La quantité de sel d’or que Diane de Poitiers possédait était telle qu’elle s’est empoisonnée en se détruisant les reins.
Une grande influence politique
Henri II est un adolescent timide, réservé, taciturne. Il a été légèrement traumatisé par son séjour en Espagne et son père demande à Diane de lui tenir compagnie. Face à elle, il est comme un dévot. Elle est à la fois sa dame, sa mère, sa marraine, il lui voue une dévotion totale.
C’est Diane de Poitiers qui choisit la petite duchesse d’Orbino, Catherine de Médicis, pour épouser Henri. Elle est sa lointaine cousine, par la grand-mère de Diane. La raison de ce choix est simple : Diane de Poitiers veut faire de Henri un chevalier italien. François Ier, lui, approuve le choix pour l’argent : il veut des terres en Italie.
De son vivant, Diane de Poitiers était nommée « la plus que reine ». A son époque, une reine n’exerçait aucun pouvoir politique alors que Diane, pendant douze ans, a bénéficié d’une influence politique peu commune. Elle disposait de représentants au conseil du roi et Henri II ne prenait aucune décision qu’elle ne validât d’abord.
Il la fit duchesse de Valentinois, titre normalement réservé à des princesses. Rien n’est trop beau pour elle. Le monogramme du couple formé par Henri II et Catherine de Médicis est d’ailleurs très parlant : le H et le C entremêlés forment le D de Diane…
Diane de Poitiers et Catherine de Médicis
Malgré ce triangle amoureux, c’est encore Diane de Poitiers qui empêche Henri II de répudier sa femme. Au début du mariage, le couple ne parvient pas à avoir d’enfants en raison de petites déformations physiques chez l’un et l’autre (elle a une rétroversion utérine, lui un hypospadias). Diane fait venir un médecin qui explique au couple comment faire l’amour. Onze enfants naîtront dans la décennie suivante.
La relation entre les deux femmes est étrange. Catherine de Médicis est extrêmement jalouse de sa rivale, qui lui prend ses enfants, choisit leur précepteur, et attire son mari hors du lit conjugal. Pour autant, quand Diane de Poitiers tombera malade d’une maladie très contagieuse, c’est Catherine qui viendra la soigner avec dévotion.
Après le fameux tournoi qui entraîna la mort de Henri II, Catherine de Médicis écrivit à sa fille, la reine Margot. Quarante ans après toute cette histoire, en nommant Diane de Poitiers, elle l’appela « la putain du roi ».