La présence d’orties, de sureau ou encore d’herbes aromatiques permet parfois de déceler des villas romaines enfouies, des sites monastiques ou des villages médiévaux.
Plantes et archéologie
Quel est le lien entre l’archéologie et les mauvaises herbes ? Non, ce n’est pas le début d’une blague douteuse, mais bien un véritable questionnement scientifique. Quand on parle d’archéologie, on imagine immédiatement un ancien tombeau égyptien oublié depuis plusieurs millénaires, ou encore les ruines d’un temple Maya qui se dresse au milieu d’une jungle luxuriante. Mais il y a d’autres éléments qui peuvent laisser des indices sur les civilisations passées et c’est le cas de l’agriculture et de la cueillette sélective.
L’agriculture s’est développée lors du Néolithique, qui a débuté en France il y a plus de 7.500 ans, et elle a accompagné les civilisations au travers de l’Histoire. Certaines de ces civilisations ont disparu, mais les plantes cultivées à ces différentes époques ont bel et bien laissé des traces. Des traces qu’il est même possible de repérer depuis le ciel grâce à l’imagerie aérienne et qui révèlent l’emplacement de nouveaux sites archéologiques.
En effet, la modification des terrains, que ce soit en terme de composition chimique (grâce à l’ajout de phosphate, de nitrates ou d’azote par le biais d’engrais naturels comme le fumier) ou de relief, a permis à certaines espèces de plantes de se développer une fois les cultures abandonnées.
Si on prend l’exemple des bleuets et des coquelicots, ce sont des fleurs qui ne poussent que dans les champs cultivés ou à leur périphérie, alors que la Molonie préfère les zones humides pâturées. Ces "mauvaises herbes" sont donc associées aux activités humaines et agissent comme des repères ! Dans le massif du Mézenc en Haute-Loire, des pensées des champs ont même permis au Groupe de Recherche Archéologique Vellave de découvrir des terrasses de culture datant de la période romaine.
Certaines plantes, importées sur de nouveaux territoires, peuvent aussi fournir des informations sur les populations humaines ; c’est le cas du plantain lancéolé, importé par les européens à la suite de la découvertes des Amériques. Cette plante a permis de suivre les déplacements du bétail sur le continent car elle pousse sur les chemins empruntés par les troupeaux. Elle a d’ailleurs été baptisée "empreinte de l’homme blanc" par les amérindiens.
Les plantes peuvent donc permettre de reconstituer l’évolution des paysages et retracer l’Histoire des Hommes ; que diront-elles de notre époque, "l’Anthropocène", aux futurs archéologues ? La pollution des sols et l’accumulation de particules toxiques chez les végétaux altèrent leur développement, et il est possible d’observer les stigmates de notre civilisation profondément ancrées dans l’histoire des paysages de la planète : une nouvelle couche géologique, composée de matières plastiques et appelée plastiglomérat, est déjà visible dans les entrailles de la Terre. D’autres événements laissent aussi leurs marques ; c’est le cas de l’explosion du réacteur nucléaire de Tchernobyl qu’il est possible d’observer jusque dans les sédiments des rivières.
Les plantes évolueront peut-être afin de se nourrir des polluants du sol, comme le font déjà certaines bactéries. Comment le sol témoignera-t-il des grandes exploitations agricoles de type monoculture ou d’espaces artificialisés par nos parking et centres commerciaux ?
Ces questions nous les laissons aux archéo-botanistes du futurs qui découvriront les vestiges que nous léguerons.