À la campagne d'une manière générale, les bouchons ça n'existe pas. Comme dans la nature finalement où tous les animaux vivant en horde, en groupe ou en colonies, ils évoluent avec une grande fluidité. Les fourmis sont par exemple de grandes urbanistes.
Combien de temps perd-t-on, coincé dans les bouchons à attendre pour rien, sur une année entière ? Beaucoup de temps.
En France, la moyenne est de 23 heures, une journée presque entière sacrifiée inutilement à un ennui absolu. Cette moyenne est bien évidemment nationale et le nombre d’heures passées dans les embouteillages varie d’une ville à l’autre, mais ce "score" nous rappelle à l’ordre. Les champions de France ? Ce sont sans aucun doute les Parisiens, qui passent en moyenne 65 heures par an arrêtés sur le bitume. À l’échelle européenne, les Moscovites sont les grands gagnants avec 91 heures passées à une vitesse de pointe de zéro kilomètre/heure. La première place mondiale de cette course à l’immobilité renvient cependant à la ville de Los Angeles, avec 104 heures d’attente interminable en une année.
Une catastrophe financière pour les foyers (faire tourner le moteur dans le vide, ça coûte des sous) qui impacte bien évidemment l’environnement. Pourtant, un simple constat permet d’ouvrir les yeux. Les bouchons sont une invention humaine ! Avez-vous déjà vu des éléphants attendre en file sur plusieurs kilomètres, ou des goélands faire du surplace les uns derrière les autres en allant à la pêche ? Cette comparaison pourrait sembler inappropriée, car les animaux ne disposent pas des mêmes infrastructures routières et n’ont pas les mêmes impératifs que nous. À moins que…
Prenons en exemple l’une des espèces les plus organisées socialement sur la planète : la fourmi. Dans une fourmilière, tout le monde a son rôle à jouer. Les ouvrières s’occupent de l’approvisionnement en matériaux et en nourriture, les nourrices prennent soin des œufs pondus par la reine, elle-même engagée dans toutes les décisions stratégiques et politiques, et les guerrières protègent leurs sœurs des différents dangers auxquels elles pourraient être confrontées. Une organisation millimétrée, où tous les individus se croisent pour accomplir leurs taches, mais sans jamais se ralentir.
Pour comprendre ce phénomène, des chercheurs allemands ont décidé de faire varier le trafic des fourmis partant en quête de nourriture et provoquer des embouteillages ; en vain. Même si la densité des fourmis est doublée, ces dernières ne se freinent pas ; au contraire, plus elles sont nombreuses, plus leur vitesse augmente et plus le trafic est fluide ! Mais pour arriver à un tel niveau de circulation, "organisation" et "communication" sont les mots d’ordre. Les fourmis sont en effet capables d’échanger des informations grâce aux phéromones, un moyen de communication tout aussi complexe que le langage humain. Elles peuvent, entre autres, indiquer de nouvelles routes à leurs semblables lorsque le chemin principal est occupé et les orienter vers d’autres sources de nourriture si nécessaire. Un modèle qui pourrait bien nous faire gagner du temps ! C’est en tout cas l’objectif du "biomimétisme", qui vise à s’inspirer du vivant pour faciliter notre quotidien.
Tous les animaux sociaux qui vivent en communauté, comme les termites, les abeilles, ou même les chimpanzés, les hirondelles et les thons rouges, pourraient donc nous aider à évoluer nos comportements afin d’optimiser nos déplacements et nos interactions. Dans le cas des embouteillages, les voitures du futur seront peut-être capables de communiquer entre elles des informations liées à la densité du trafic et proposer d’autres routes aux conducteurs ; tout ça grâce à la parfaite organisation des fourmis !