Chaque matin, Jean Zeid livre ce qu’il se fait de mieux en matière d'innovation. Ce jeudi, il s'intéresse au recyclage des panneaux solaires pour réduire leur bilan carbone.
Ce jeudi matin, on recycle les panneaux solaires.
C’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé. Les 600.000 installations de panneaux photovoltaïques que comptent la France et qui fournissent 2% de la consommation d'électricité du territoire, ces modules seuls, en binôme ou en grappes sombres et qui n’ont rien à voir avec les tableaux de Pierre Soulages, et bien, elles ne sont pas éternelles. La durée de vie moyenne d'un panneau solaire va de 20 à 50 ans selon leur qualité. Depuis 2010, les installations de panneaux solaires sont exponentielles en France et malgré cette production électrique renouvelable et vertueuse, tout n’est pas vert au pays du photovoltaïque.
Pour quelles raisons ?
Et bien déjà parce que le bilan carbone de ces panneaux est loin d’être négligeable. Selon l'Ademe, les panneaux solaires émettent ainsi 4 fois plus de CO2 par KWh que l'éolien, 8 fois qu’une centrale hydraulique ou nucléaire. Des mauvais chiffres qui s’explique par son processus de fabrication et l’extraction des matières premières ou encore le transport jusqu’au consommateur final.
Est-ce que ces panneaux sont recyclables ?
Oui, la filière est naissante, mais la réponse est oui, et de deux manières différentes. Il y a d’abord le broyage, technique la plus fréquemment utilisée. On passe le panneau dans un broyeur qui sépare grossièrement les différents composants.
Et puis il y a la délamination par lame chaude. Je vous explique tout. Après Toulouse et Lille, la ville de Saint-Loubès dans le Sud Ouest vient d’inaugurer un nouveau site de recyclage de panneaux photovoltaïques et ses dirigeant sont opté pour cette seconde option : on enlève le cadre en aluminium du panneau, on écrase le panneau sous une presse et on passe un couteau long d'une dizaine de mètres et chauffé à 300°C, qui va séparer la plaque de verre du reste du module, avant de s’attaquer à la cellule proprement dite pour l’isoler.
Quels sont les bénéfices de cette technique ?
Déjà, les plaques de verre nettoyées et utilisées sous forme de vitres, de vérandas ou même de flacons de parfum. Et puis, avant de les délaminer, mes panneaux sont testés et ceux qui sont encore performants - 5% d’entre eux -, ont une seconde vie et équipe des abris de bus par exemple.
L’autre intérêt de la technique, c’est de d’extraire des cellule les "métaux à "haute valeur ajoutée comme l’argent, le cuivre et le fameux silicium de manière quasi pure. Et ça, c’est réalisé par une start up grenobloise RosiSolar, qui sépare ces métaux précieux les uns des autres avec un traitement thermique et chimique.
Il y a de l’argent dans les panneaux photovoltaïques ?
On s’emballe pas. Il y en a 0,08%, mais ça 20% de sa valeur et surtout, selon l'Agence internationale de l'énergie, réutiliser cet argent pourrait couvrir plus de 60% des besoins de la future productions de panneaux solaires, alors que les réserves mondiales des mines d'argent sont insuffisantes pour couvrir l'ensemble des besoins de l'industrie photovoltaïque à l’avenir.
Et à quoi peuvent servir les autres métaux recyclés ?
On va pouvoir les retrouver dans l'industrie automobile électrique ou la production de semi-conducteurs.
Il n’y a que deux machines dans le monde qui proposent la technologie du délaminage : au Japon et à Saint-Loubès qui affiche un taux de recyclage à 95%.
Une filière du recyclage qui va devoir grandir de manière express : la quantité de déchets à traiter devrait passer de 3.800 tonnes en 2022 à plusieurs centaines de millier de tonnes en 2030.