Après l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale, la presse tente de comprendre la décision du Président

5:22
  • Copié
, modifié à

Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, il revient sur les tentatives de la presse et des journalistes de comprendre la décision d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale après la victoire du Rassemblement national aux élections européennes. 

Dans la tête d’Emmanuel Macron...

L’exercice n’est pas simple, tant la décision de dissoudre parait motivé plus par un trouble psychanalytique que par une stratégie politique. Et d’abord le déni. « Ce qui frappe, écrit Nicolas Beytout à la une de l’Opinion, c’est effectivement le niveau de certitude qui émane de l’Elysée. Le doute ne les effleure pas : « On va gagner » disent-ils tous autour du chef de l’Etat... Pour l’entourage du président, le coup de dé de la dissolution sera forcément un coup gagnant... Mais aujourd’hui, ce dernier carré présidentiel est apparemment le seul à y croire...

Et « plus dur sera la chute-prévient d’ores et déjà Yves Thréard à la une du Figaro-. Il est peu probable que les Français changent radicalement d’opinion en un mois, explique-t-il. Dans 96 départements sur 101, ils ont placé le Rassemblement National en tête... Et dans l’Éditorial qu’il signe dans le Parisien Aujourd’hui en France, Nicolas Charbonneau, enfin, s’interroge, de l’inquiétude générale qu’Emmanuel Macron s’est amusé à créer... « Le Président a-t-il une forme d’incapacité viscérale à comprendre ses concitoyens écrit-il. À moins que leur faire peur soit le but assumé, la forme la plus aboutie du macronisme ».

Oui, c’est « l’étrange suicide du macronisme » résume finalement l’essayiste Edouard Tétreau dans le Figaro. Pour lui, la décision présidentielle, est clairement à chercher vers les rivages de l’irrationnel : « la seule explication, conclu-t-il, c’est qu’Emmanuel Macron se croit au-dessus de tous ».

Entre incompréhension et écœurement.

Et les éditorialistes ne sont pas les seuls à s’inquiéter de ces troubles de la personnalité. Le drame pour le chef de l’État, c'est que dans l’affaire, il est en train de perdre la plupart de ses soutiens. « Je ne comprends pas comment j’ai pu donner sept ans de ma vie à quelqu’un d’aussi égotique ». Celui qui s’exprime ainsi, sous les plumes de Loris Boichot et Louis Hausalter du Figaro, est un cadre du groupe Renaissance à l’Assemblée. L’Assemblée où les députés de la majorité oscillaient hier entre incompréhension et écœurement.

« À mesure que les élus de la majorité examinent la situation de leur circonscription, une sensation s’installe. Le chef envoie ses troupes dans un combat perdu d’avance ». « Une grande patrie d’entre nous part en opération suicide-déplore une députée renaissance-et si la gauche parvient à s’unir, on finira en slip » prédit-elle. Silence Radio 

Mais le plus grand signe du désarroi de la majorité, c'est peut-être cette réaction de Gabriel Attal... Ce silence assourdissant. Pas un mot, silence radio depuis l’annonce de la dissolution. Apparemment, il n’était pas au courant. « Ceux qui ont croisé Le Premier Ministre ou échangé par téléphone avec lui ces dernières heures dépeignent un homme un peu sonné, surpris qui ne s’y attendait pas » Raconte le Parisien. « Il s’est pris un 33 tonnes en pleine face » appui un Conseiller de l’Exécutif.

Et en dernière page, dans le billet/portrait quotidien, Les Echos préfèrent en sourire, même si là aussi ça fait un peu mal. « L’arme anti Bardella de la Macronie a fait long feu. Voilà le plus jeune locataire de Matignon, très fortement menacé d’en être aussi l’un des plus éphémères... Son silence contraste avec son omniprésence durant la campagne. Pour une fois, conclu le journal, on ne pourra pas l’accuser de couper la parole à Valérie Hayer ».

Votes cathos et Musulmans Toujours concernant les élections de dimanche, encore beaucoup de chose... la croix s’intéresse notamment aux votes confessionnels... Les Cathos ne font plus barrage à la droite radicale, constate le quotidien qui lui entend bien lui faire barrage. 32% des catholiques pratiquants ont voté RN et 10% Reconquête. Quant aux Musulmans, à 62% ils ont glissé dans l’urne un bulletin France Insoumise. Parmi les enjeux déterminants de leur vote, explique le journal, 83% de ces musulmans citent le conflit israélo-palestinien. Et avec les compliments de Rima Hassan !

Toute autre chose sur le tout à fait crucial dossier Atos, Ivan Le Tessier du Figaro annonçait dès hier que c’est l’option David Layani qui allait être choisi par le Conseil d’administration. Bonne pioche !

 

Une course de 3000 mètres avec des obstacles et qui inspire l’humour potache Enfin, on va terminer par un cocorico et un surtout un sourire... Grâce à l’Équipe. La chose vous a sans doute échappé, mais en ce moment se déroulent à Rome les championnats d’Europe d’Athlétisme. Je suis d’accord avec vous. À un mois des JO ça ne rime pas à grand-chose. Mais ce n’est pas le sujet. Le sujet, c'est que les Français font des étincelles. Notamment en Steeple où les bleus ont raflé hier la première et la deuxième place.

Le Steeple, petit rappel, c’est une course de 3000 mètres avec des obstacles et même une petite rivière pour avoir les pieds mouillés... Voilà, même si vous n’en avez rien à fiche vous aurez quand même appris quelque chose. Et puis c’est donc un doublé historique pour les bleus. Mais surtout, si vous avez gardé un peu d’esprit potache, le titre de l’Equipe devrait faire votre journée. On regrette quand même que le journal n’ait pas osé le mettre en une.

C’est donc en page intérieur que vous le découvrirez... Hier à Rome, c'était donc pour la France : « la fête du Steeple ».