Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, des différents scénarios à l'issue des élections législatives et des huitièmes de finale de l'Euro contre la Belgique.
Faut-il devenir belge ?
La question peut paraitre surprenante mais c’est effectivement celle que l’on se pose à l’Elysée en ce moment affirme l’Express.
Cela mérite évidemment un peu d’explication.
Devenir Belge, parce que la Belgique est un pays qui s’est fait une spécialité de vivre politiquement non seulement sans majorité franche, mais en plus sans gouvernement. En 2010 le plat pays était ainsi demeuré 6 mois sans exécutif.
Eh bien c’est un peu le rêve secret d’Emmanuel Macron explique Laureline Dupont. Qu’aucune majorité ne se dégage le 7 juillet et que le Président soit en situation de nommer une équipe de collaborateurs chargée d’expédier les affaires courantes. Un gouvernement minimal qui lui permettrait de garder une agréable position de surplomb.
Bon, vous lirez ça, parce que c’est sympa d’échafauder des scénarios d’après second tour mais il faudrait peut-être déjà commencer par savoir que faire après le Premier ?
Et pour le moment le camp Macron se divise titre le Figaro.
En fait explique Louis Hausalter et Pierre lePelletier
L’aile gauche du camp présidentiel plaide pour une stratégie de désistement anti-RN... Mais ce n’est pas du tout ce qui se dessine dans les Etats Major de la majorité. L’option sera plutôt de se prononcer au cas par cas et de maintenir un candidat du bloc central aussi souvent que ce sera possible. Et puis il ne devrait pas y avoir de consigne de vote dans le cas d’un duel RN Front Populaire..
Ça c’est donc la théorie. Mais c’est du pipeau reconnait un conseiller de la majorité. Du pipeau parce que plus personne n’est capable de décider quoi que ce soit depuis Paris. Tout ça se passera au niveau local.
Les heures qui suivront les résultats du premier tour s’annonce très tendu alors que les candidatures pour le second tour devront être déposé avant lundi 18h.
A titre personnel.
Grand flou dans le camp macron, et ce n’est pas beaucoup plus clair du côté des Républicains.
Et j’en veux pour preuve l’interview que Gérard Larcher accorde au Parisien aujourd’hui en France.
Question de Marion Mourgue et Alexandre Sulzer. En cas de duel RN front Populaire quel sera votre appel.
Au second tour, nous verrons dans l’intérêt du pays. A titre personnel je ne pourrai jamais voter pour un candidat RN ou nouveau Front populaire. A titre personnel.
« Chef de armées : un titre honorifique »
Pendant ce temps-là Marine Le Pen, elle, affiche une apparente sérénité. La patronne du RN accorde une interview au télégramme ce matin...
Nous pouvons avoir 10 à 15 élus dès le premier tour, et il peut y avoir plus de 300 triangulaires affirme-t-elle. Elle se dit persuadé le 7 juillet d’avoir une majorité absolue. Le président n’aura pas le choix du Premier ministre...
Question d’Hubert Coudurier : comment Macron et Bardella vont il s’entendre sur les questions diplomatico-militaires ?
Chef des armées pour le Président c’est un titre honorifique. Jordan n’a pas l’intention de lui chercher querelle, mais il a posé des lignes rouges. Sur l’Ukraine, le président ne pourra pas envoyer de troupes.
Macron sur le divan.
Mais d’autre question se posent aussi sur Emmanuel Macron.
Parce que les journaux n’ont pas fini de s’interroger sur ce président qui aura suicidé sa propre majorité.
Et d’ailleurs la raison est peut-être moins à chercher du côté de l’analyse politique que de la psychanalyse.
C’est en tous cas le parti pris du Point cette semaine qui interroge Jean-Pierre Winter.
Le Président de la République n’est pas sur mon divan prévient le psychanalyste, mais son geste m’évoque ce récit d’un amour transgressif dans « la ville dont le prince est un enfant », d’Henri de Montherlant.
Il ne faut pas oublier que toute la vie personnelle d’Emmanuel Macron, depuis l’âge de 15 ans, est placée sous le signe de la transgression. En formant un couple peu ordinaire avec sa professeure, en épousant Brigitte Macron et en entrainant les deux familles dans cette transgression majeure, il a au fond signifié à ses proches : je n’ai pas d’inhibition, rien ne m’empêchera de faire ce que j’ai à faire. Soit, vous m’aimez assez pour accepter, soit vous rompez.
Et c’est aussi comme cela qu’il fonctionne en politique. Il est depuis 7 ans l’objet d’une haine violente à laquelle peut de gens résisteraient. Mais en dépit de tous les signaux, il croit être aimé, et c’est un peu cet amour qu’il teste ici à grande échelle.
Retrouvailles franco-belges
Mais pour finir on va revenir à cette tentation belge. Et tous les amateurs de foot m’auront venu venir, parce qu’ils savent la belgique sera donc notre prochain adversaire à l’Euro.
« Et maintenant à nouveau la France » titre sombrement La libre Belgique depuis Bruxelles ce matin.
Parce que les bleus, sont un peu le cauchemar des rouges qui ont toujours en travers de la gorge cette demi-finale perdu lors de la coupe du Monde 2018.
Dans l’Equipe, Vincent Duluc rappelle les propos peu fair play des joueurs belges après la rencontre : « Je préfère perdre avec cette Belgique que gagner avec cette France avait déclaré Eden Hazard... »
Bon, lundi 18h00, les retrouvailles vont donc être un peu tendu entre deux équipes qui n’ont pas été transcendantes depuis le début de l’Euro.
Attention à ce que ce match ne tourne pas à la mauvaise blague,
ne nous donne pas définitivement envie de devenir belge.