Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, la censure du gouvernement Barnier, la France broie du noir et Emmanuel Macron qui se retrouve face à une crise politique.
On dit parfois que la une des journaux sont le reflet de l’Etat d’Esprit d’un pays. Si tel est le cas, il ne va pas très bien ce matin.
« C’est le grand flou » titre le Parisien aujourd’hui en France. « Le champ de ruines » annonce l’Opinion. « La débâcle » c’est la manchette de l’Humanité. Dans son édito, le patron des Echos fait même ce matin l’analogie entre le vote d’hier et celui des pleins pouvoirs à Pétain en 1940. Bigre ! Mais le titre qui résume peut-être le mieux l’humeur national nous vient de Londres, c’est celui du Britannique The Economist...
Un habile photo montage, nous montre une entrée Guimard du métro Parisien. Mais le mot Métro a été remplacé par... Merde !
Oui c’est la France à la renverse traduit dans un langage plus châtié Vincent Trémollet de Villers à la une du Figaro. L’éditorialiste qui signale qu’une seule personne était vraiment satisfaite du spectacle du grand délitement national hier : « Jean Luc Mélenchon qui était dans les Tribunes de l’Assemblée. Il a passé un excellent après-midi. Le spectacle a comblé toutes ses attentes ».
Mais il est bien l’un des rares à pouvoir se réjouir ce matin, car quand Rémi Godeau, à la une de l’opinion, tente de faire la liste des vainqueurs de la journée d’hier, il ne trouve en fait... que des perdants :
- Le Premier Ministre tout sauf providentiel.
- Les composantes du socle commun salies par leur cynisme, leur lâcheté et leur fausse union.
- Le Nouveau front populaire discrédité par son obsession du chaos
- Le Rassemblement National redevenu au grand jour un parti populiste, du désordre, du double langage et de la démagogie décomplexée.
Mais celui qui a le plus perdu hier, celui à qui la presse en veut de manière définitive et unanime et quel que soit le bord politique d’où elle s’exprime c’est Emmanuel Macron.
« Le narcissisme et l’inconséquence de Macron ont transformé un long décrochage en crise sans précédent ».
Son bilan, sa dissolution, sa stratégie le roi est nu.
Dans le Point, Nicolas Baverez qui ne peut pas être considéré comme un dangereux gauchiste hostile au libéralisme. Baverez dissèque la France d’Emmanuel Macron au scalpel.
« La dissolution insensée de juin dernier solde 4 décennies de déclin écrit-il. Le narcissisme et l’inconséquence de notre président ont transformé un long décrochage en crise sans précédent. Pour avoir dilapidé mille milliards de dettes publiques en sept ans le pays est touché par un violent choc financier. L’activité économique est en panne ? les faillites explosent, le chômage remonte... Les investisseurs se détournent massivement avec désormais pour mantra « tout sauf la France ». Et les institutions de la Vème République que l’on pensait indestructible sont paralysées ».
Alors qu’attendre aujourd’hui d’Emmanuel Macron ?
Eh bien au moins qu’il nomme un premier ministre de droite répond le Figaro. Ecœuré lui aussi... S’il pouvait faire preuve de bon sens ce serait déjà inespéré écrit Vincent Trémollet de Villers. Donc d’abord ne pas procrastiner pendant des semaines mais nommer en quelques jours un nouveau premier ministre. Et puis le pays est évidemment à droite. Il ne faut surtout pas un premier ministre venant de la gauche martèle le directeur adjoint de la rédaction du Figaro.
Dans cette configuration, on peut ralentir l’autodestruction mais on ne l’arrêtera pas prévient-il encore. Entre confusion et médiocrité, cette journée de censure nous fait voir dans une unité de temps de lieu et d’action, la tragédie d’une vie politique qui s’effondre sur elle-même.
Au petit jeu des pronostics du successeur de Michel Barnier, vous luirez toujours les mêmes noms. Lecornu, Bayrou, Cazeneuve. Ajoutez Baroin qui pointe le bout de son nez et de son ambition... Mais dans le fond tout ça a-t-il encore beaucoup d’intérêt ?
Non ce qui est formidable c’est qu’aujourd’hui les syndicats de fonctionnaires n’ont pas renoncé à descendre dans la rue pour contester un gouvernement. Qui n’existe plus !
« Une grève, mais pourquoi faire ? » s’interroge le Parisien aujourd’hui en France.
Frappé tout d’un coup par un éclair de lucidité un responsable syndical confesse à Catherine Gasté : « perdre une journée de salaire pour dire son mécontentement s’il n’y a plus de gouvernement. Pas sûr qu’il y aura du monde ».
Bref pour paraphraser nos amis Britannique ce matin... Merde !