Le choc de la dissolution et Emmanuel Macron pointé du doigt par la presse

  • Copié
, modifié à

Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, les journaux reviennent essentiellement sur les résultats des élections européennes largement remportées par le Rassemblement national mais ils s'attardent plus longuement encore sur la décision d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale.

Une nuit difficile. 

La soirée d’hier restera comme celle d’un double choc historique écrit Henri Vernet du Parisien aujourd’hui en France.

D’abord le choc, (annoncée tout de même par les sondages), de la victoire écrasante du RN. Et puis deuxième choc, sans conteste le plus spectaculaire, l’annonce par Emmanuel Macron de la dissolution.

Et là bran le bas de combat. Les éditorialistes sont obligés de reprendre leur papiers le Figaro change de une à toute vitesse. 

La déferlante c’était le premier titre du journal. Le choc c’est la manchette de la dernière édition.

A Lille dans la voix du Nord, Nathalie Zorn, le reconnait « personne n’attendait cette dissolution. C’était même considéré comme impossible par les experts politiques ».

Et du coup, les unes sont à la hauteur de la stupéfaction générale...

Coup de tonnerre titre le Dauphiné.

Coup de Poker pour le Télégramme de Brest.

C’est un pari extrême annonce le Midi Libre

Un pari fou titre l’Humanité.

Le choix de la démocratie ?

Une fois passé la stupéfaction il y a évidemment plusieurs lignes.  

Il y a d’abord ceux qui estime que Macron ne pouvait finalement pas faire autrement. « Il a fait le choix de la démocratie », écrit par exemple Stéphane Vernay à la une de Ouest France.

« Macron a décidé de ne pas faire comme d’habitude » explique aussi Olivier Biscaye du Midi Libre. « Il n’enjambera pas l’élection et sa cuisante défaite » et l’éditorialiste de saluer même un « acte courageux ».

Même son de cloche à Strasbourg où Franck Buchy, des Dernières nouvelles d’Alsace écrit : « Réduire la décision du Président de la République à une opération kamikaze s’apparente à un manque de confiance dans la démocratie. Et puis les prophéties politiques ne s’accomplissent pas toujours » rappelle-t-il.

« Bons républicains » contre « méchants extrémistes »

Ça ce sont un peu les journaux que l’on pourrait mettre dans la rubrique « tout cela n’est pas bien grave ».

Mais en toute objectivité, ils sont loin d’être majoritaire ce matin.

L’idée dominante c’est plutôt celle de Sébastien Viers, l‘éditorialiste de la Provence qui parle de « pari extrêmement risqué ». « Macron défie les électeurs de placer Jordan Bardella à Matignon ? Le jeu se révèle hautement inflammable » écrit-il.

Mais c’est même perdu d’avance tonne Alexis Brezet dans le Figaro.

« La progression du Rassemblement National n’est pas un accident, écrit-il, elle traduit une colère qui vient de loin, qui désormais déferle sur l’Europe entière. Qui se nourrit pour l’essentiel des risques de l’immigration incontrôlée et des menaces de l’islam politique ».

Emmanuel Macron aura beau sonner le tocsin battre le rappel une fois de plus des « Bons républicains » contre les « méchants extrémistes » poursuit-il. Il est peu probable que cette angoisse-là recule d’ici la fin du mois de juin ».

Trois semaines en plus c’est très court pour faire campagne souligne Sébastien Crépel... Dans l’Humanité. Le quotidien communiste qui parle d’irresponsabilité.

Néron et les cons

Mais les plus sévères ce matin, ce ne sont pas les quotidiens de gauches. Ce sont les deux journaux qui ont sans doute le plus soutenu Le Président de la République depuis 7 ans : L’Opinion et Les Echos.

Nicolas Beytout le Président de l’Opinion ni va pas par quatre chemins ce matin. 

« Emmanuel Macron a choisi l’option la plus aventureuse, au prétexte que cela lui à réussi pour conquérir le pouvoir écrit-il. Il renverse la table, il remet en scène son duel exclusif avec le RN, il relance le match entre nationalisme et progressisme en imaginant qu’il lui sera plus profitable que le combat perdu hier ».

« En son temps, Bernadette Chirac avait affublé du surnom de Néron les mauvais génies qui avaient su convaincre Jacques Chirac de dissoudre l’Assemblée et ainsi de massacrer sa majorité.

Comme l’empereur romain mit le feu à la Rome antique, Emmanuel Macron a-t-il craqué l’allumette qui embrasera sa propre citadelle » s’interroge-t-il ?

Mais le plus sévère c’est sans conteste le nouveau patron des Échos.

Christophe Jackubyzyn, a dû lui aussi réécrire son éditorial à la hâte en apprenant la décision présidentielle. Et c’est sur le site de son journal que vous lirez sa charge...

« Après la dissolution de confort de Jacques Chirac, voici donc la folle dissolution d’Emmanuel Macron, véritable saut dans le vide ».

« Pour une fois il n’a pas procrastiné eh bien il aurait dû... » « Certes il place les Français devant leurs responsabilités. Mais alors que la guerre est aux portes de l’Europe, alors que les Français ont choisi des candidats qui plaident pour la non-ingérence ???

Il semble leur dire :

« Et bien gouvernez maintenant » « les Cons » avait grommelé Edouard Daladier découvrant à sa descente d’avion les Français qui l’acclamaient pour avoir signé les accords de Munich.

Emmanuel Macron n’agit pas autrement affirme-t-il.

« Conscient de la fragilité de la démocratie et parfois de la lâcheté de ses concitoyens, il lâche lui-même l’affaire ».

Et de conclure qu’un président ne devrait pas jouer à la roulette russe. Surtout en ce moment.

Les chroniques des jours précédents