Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, le verdict attendu dans le procès des viols de Mazan et le blues des entrepreneurs.
Un procès pour l’histoire
Que restera-t-il du procès Pélicot alors que l’on connaitra aujourd’hui le verdict pour les accusés. Eh bien au-delà de ce fait divers sordide hors norme, ce procès aura provoqué une onde de choc dans la société. C’est en tous cas ce qu’affirme la Croix qui consacre sa une et les deux pages suivantes aux conséquences de cette affaire.
Ce qu’il y a sans doute de plus intéressant, c’est que l’onde de choc dont parle le journal concerne les femmes de la génération de Gisèle Pélicot.
Des femmes de plus de 60-70 ans qui ont été particulièrement touchée par cette affaire et dont Paula Pinto Gomes a recueilli les témoignages. Et évidemment c’est complexe, sensible parce que l’on rentre dans l’intimité du fonctionnement des couples.
Il y a les propos de Rachel par exemple, 62 ans. « Ce procès m’a conforté dans ce que je perçois des relations hommes femme et du décalage entre le désir sexuel des uns et des autres.
J’ai été marié pendant 30 ans et il m’a fallu des années pour réaliser que je n’étais pas synchronisé avec le désir de mon mari. Il ne percevait pas certains de ces gestes comme inappropriés. Il arrivait qu’il insiste malgré mon refus ».
Alors évidemment on est loin de l’horreur de cette affaire de viol collectif mais si ce procès aura eu autant d’impact. C’est qu’il restera comme celui aussi d’une prise de conscience intime de la complexité parfois insoupçonnés des relations sexuelles, de la notion de consentement à l’intérieur de couples stables mariés, et parfois depuis des décennies.
A lire dans la Croix.
La tentation de Milan
On passe au blues des entrepreneurs qui ont une terrible envie de se barrer comme on dit vulgairement.
Deux articles en témoignent ce matin. Alors il y a d’abord celui de l’Opinion qui nous apprend que de plus en plus de patrons sont attirés par les conditions qu’ils vont prochainement trouver aux États-Unis.
Les promesses de dérégulation et de baisse d’impôts attirent les entreprises du vieux continent explique le journal.
C’est même « un Hold Up de Trump sur les entreprises européennes » titre l’Opinion.
Mais le papier le plus original c’est celui que vous lirez dans les Echos sur ces entrepreneurs français, de start up ou autres, qui décident de s’expatrier en Italie.
« Alain Juppé avait la tentation de Venise, les élites économiques ont celle de Milan » raconte Renaud Honoré.
« C’est la destination à la mode » s’amuse un banquier d’affaire.
Et la destination a de quoi interpeller.
« L’Italie à mis en place un régime d’impatriation particulièrement aguicheur. Alors pourquoi ne pas quitter cette France minée par le Chaos politique depuis des mois et à nouveau traversé par des velléités de hausses d’impôts pour rejoindre un voisin qui peut toujours se targuer d’une industrie prospère ».
« C’est tout de même un comble -se désole un expert-, c’est comme si la stabilité était désormais à chercher en Italie »...
« justice sans majuscule et sans scrupules »
A lire également ce matin le vibrant et courageux plaidoyer d’Yves Thréard en faveur de Nicolas Sarkozy. Courageux parce qu’il navigue à contre-courant de tous ceux qui sonnent l’hallali, la lippe gourmande et le regard obséquieux.
L’éditorialiste du Figaro lui, voit surtout dans la condamnation de l’ancien président, « une défaite de la justice ». « Une justice sans majuscule qui a utilisé des méthodes de barbouzes sans scrupules ».
Et de dénoncer une autorité judiciaire prise en flagrant délit d’excès de pouvoir.
« Va, je ne te hais point »
Et puis ce que l’on peut lire ce matin, à défaut de littérature, c’est Sylvain Tesson dans le Point.
On ne perd décidément jamais son temps à lire Tesson qui cette semaine s’interroge sur l’intelligence artificielle et l’Amour.
Oui L’IA sera-t-elle capable un jour de singer ce sentiment cardinal ?
Eh bien Tesson n’y croit pas, et s’en félicite.
« Parce que l’IA ne cherche qu’à défendre l’intérêt de son programmateur. Elle calcule le plus rentable -explique-t-il. Or l’amour ne sert pas l’intérêt de celui qui l’éprouve. Il est parfois irrationnel, aberrant, destructeur. C’est sa plus noble caractéristique ».
« Va, je ne te hais point » dit Chimène.
Voyez-vous un algorithme inventer cet art de hurler quelques choses en murmurant une litote -s’interroge Tesson- ?
Et puis imaginez-vous une machine capable d’écrire ses vers parmi les plus beaux de la langue française.
Quelques phrases qui après l’affaire Pélicot nous lave quand même un peu le cerveau. Alors ne nous en privons surtout pas ce matin.
"Pour jamais ! Ah ! Seigneur, songez-vous en vous-même
Combien ce mot cruel est affreux quand on aime ?
Dans un mois, dans un an, comment souffrirons-nous,
Seigneur, que tant de mers me séparent de vous ?
Que le jour recommence et que le jour finisse,
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice