Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, le gouvernement de Michel Barnier qui risque de tomber, la crise de régime qui menace et un président sous pression.
Vers une crise de régime ?
A quoi sommes nous en train d’assister ? c’est la grande question politique du jour. Et il y a plusieurs façons de voir les choses.
Pour les Echos, c’est juste un « retour à la case départ » pour Emmanuel Macron. C’est le gros titre de une.
« Macron sous pression prépare l’Après Barnier » annonce aussi Le Figaro...
Parce que donc vos journaux ressortent les boules de cristal, les tarots et le marc de café. Alors si l’identité du successeur de Michel Barnier vous intéresse sachez que parmi les noms qui reviennent le plus souvent vous lirez ceux de Sébastien Lecornu, François Bayrou, Bernard Cazeneuve, Jean Castex. Mais à la différence de ce qui s’est passé l’été dernier on devrait être fixé rapidement. Avant même samedi...
Pourquoi ? Parce que sinon on basculerait dans autre chose : La crise de régime... C’est le gros titre de l’Opinion.
« La crise de régime explique l’ancien député Gilles Legendre dans ses colonnes, c’est quand la gouvernance du pays est bloquée et quand le seul moyen d’y remédier est non conventionnel. Cela peut être la fondation d’une nouvelle république comme en 1958. Où la démission du président de la République... »
« Nous n’y sommes pas », se dépêche d’ajouter cet ancien proche de Macron mais une succession de gouvernement impuissant, un choc financier, ou une crise sociale pourrait la rendre inéluctable. Tout comme une nouvelle dissolution si elle ne devait pas dégager une majorité absolue.
« Ça y est, le bordel commence »
Cette crise de régime maintenant, faut-il la redouter ? Dans les milieux patronaux on est très, très inquiet. « Ça y est, le bordel commence » résume l’un d’eux dans un excellent papier que signent Louis Darbon et Ivan Le Tessier dans le Figaro économie. Ils ont recueilli une multitude de confidence de grands et moyens patrons... Aucun ne se réjouit de l’abandon du budget. Même pas les très gros qui échappent pourtant du coup à une sur taxe de plusieurs centaines de millions d’euros...
La seule voix divergente ce matin, (et qui ne diverge pas tant que ça) c’est celle de Nicolas Beytout. Le patron de l’Opinion prend la plume pour écrire un édito qui fera date.
Vite la crise !
Que dit-il : Vite la crise !
Comment ??? Vite la crise !!!
« Au point de dérèglement où en est arrivé la France, puisque plus rien ne semble arrêter les responsables de cette dégringolade il reste à espérer qu’arrive la crise écrit-il. La vraie, celle qui fera prendre conscience aux français qu’aucun des scénarios envisagés aujourd’hui ne suffira pour redresser le pays ».
« Oui qu’on en finisse avec le déni français. Parce que les marchés, malgré leur apparence indolence, finiront par se retourner et eux qui assument le train de vie de notre modèle social nous le feront payer. Alors oui le piège de la dette se refermera sur nous, et rien de ce qui a été proposé jusqu’à présent ne permettra d’en écarter les mâchoires... »
La crise vite parce que même si c’est brutal et au-delà de l’imaginable, c’est le seul moyen d’un possible rebond explique-t-il en substance...
« La France est submergée par la peur »
Lisez cet édito de Nicolas Beytout dans l’Opinion.
Et puis juste ensuite ne loupez pas l’interview de Boualem Sansal dans le JDNews. C’est sa dernière d’homme libre avant son arrestation par les nervis algériens. Et cet écrivain qui nous aime et qui nous connait bien a aussi des choses douloureuses à nous dire...
« La France est submergée par la peur » déclare l’écrivain à François Xavier Freland. « L’autoflagellation et le wokisme sont des actes d’automutilation symbolique. Ils expriment l’expiation, la soumission, la préparation au suicide libérateur ».
Revenant sur notre perte d’influence il estime que « la solution est que la France se redimensionne à la baisse ». « Le monde des grand n’est plus pour elle conclu-t-il sombrement»...
Esprit français es-tu là ?
Bon et puis zut ! On va quand même terminer par quelques choses de grand ce matin : le Boléro de Ravel. Une grande exposition consacrée à ce morceau, probablement, le plus populaire du répertoire français vient d’ouvrir se porte à la Philharmonie de Paris, prélude au 150éme anniversaire de Ravel que nous célébrerons l’an prochain.
La Croix lui consacre une pleine page.
Ce boléro a été écrit en 1928 et l’auteur l’estimait sans intérêt, écrit Emmanuelle Giuliani.
Et pourtant « tout Ravel est là. L’amour du rythme et la fascination pour le monde de la mécanique et des usines, le génie orchestral une forme d’insolence enfantine... »
Enfin et peut être surtout, d’aucun y entendront une forme d’éternelle renaissance de l’Esprit français.