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Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, l'anniversaire d'un OVNI littéraire, l'Élysée semble devenu une coquille vide et être ami avec quelqu'un qui ne partage pas nos idées politiques.

Epuisement.

Il y a 50 ans quasiment jour pour jour, paraissait l’un des livres les plus singuliers de l’histoire de la littérature Française.

« Tentative d’épuisement d’un lieu parisien ».

Et ce sont les Echos Week end qui ont la bonne idée de célébrer l’anniversaire de ce petit ovni littéraire.

Le 18 octobre 1974, George Perec, s’installe effectivement Place St Sulpice à Paris. 3 jours durant il va observer la vie passer, noter ce qu’il voit : les gens les bus les nuages. Il en fera un texte rythmé comme une soirée diapo et pourtant ce petit livre reste, un demi-siècle plus tard ,curieusement fascinant. Il continue à se vendre comme des petits pains.

 

50 ans après, Adrien Gombeaud est retourné au Café de la Mairie, là où Pérec a vu et noté « Et on est frappé -écrit-il-, par ce qui n’est plus. Où sont les autobianchi, les autocars cityrama et les vélo solex ? » Et puis ou sont les soutanes et les coiffes des bonnes sœur ? Evaporées.

Seule à avoir survécu : la valse des bus 63, 70, 96 qui n’a jamais cessé de scander St Sulpice.

C’est la plus belle publicité littéraire pour la RATP estime d’ailleurs l’éditeur de l’ouvrage. J’ai envoyé le livre à Jean Castex, s’il lit les Echos week-end j’aimerai beaucoup qu’il me réponde déclare-t-il. Et s’il écoute Europe 1 il n’aura vraiment aucune excuse.

 

Le livre qui n’est pas encore écrit.

« Brigitte passe une tête dans mon bureau pour me montrer son nouveau tailleur... Un parapheur sous le bras Alexis Kohler semble soucieux... Un huissier patiente dans le couloir, sa lourde chaine autour du coup... »

C’est un livre qui n’existe pas, pas encore mais qu’Emmanuel Macron pourrait écrire à la manière de Georges Perec et qui s’intitulerai tentative d’épuisement d’un président en son Palais.

Car à en croire le Figaro ce matin. L’Elysée est désormais devenu une coquille vide. La frénésie et le pouvoir ont quitté les lieux.

Les conseillers démissionnent.

Depuis la défaite des législatives le pouvoir a changé de rives, les courtisans ont apparemment changé d’âme.

« Et maintenant on à René Coty, il fait des inaugurations !», raille l’un d’entre eux raconte Louis Hausalter.

C’est « la fin de la toute-puissance présidentielle » titre le journal...

 

Lecture pour président désœuvré ?

Il peut commencer par le dernier numéro de Philosophie magazine Excellent mensuel où il trouvera la réponse à cette question : « Puis-je rester ami avec quelqu‘un dont je ne partage pas les idées politique ». Sujet de circonstances quand vous présidez en ce moment le conseil des ministres.

Réponse du philosophe Charles Pépin : « Deux visions s’affrontent : la première idéaliste véhicule l’idée aristotélicienne d’une amitié capable de nous rendre meilleur, voire de nous permettre de changer d’avis ». Pas très Macron.

La deuxième, plus réaliste à tout le moins acceptable : « Nous n’avons qu’une vie et elle peut être courte alors prenons ce qu’il y a à prendre et renonçons au reste ».

 

Apophtegmes

Et ça, cela ressemble furieusement à la démarche de Sylvain Tesson.

Une fois par mois l’écrivain raconte dans Le Point ses déambulations sur terre. Mais c’est la mer qu’il prend cette fois : un sous-marin.

Le Suffren. Un lanceur d’engin nucléaire nouvelle génération peuplé par des marins philosophes.

« Métaphysique, le sous marinier ne quitte pas la profondeur écrit Tesson. Monde d’abstraction purement platonicien. On dirait des moines attendant un signe dans le néant ».

Lisez ce récit formidable et improbable.

Parce que « Pour moi qui ne jure que par les bivouacs aux étoiles reconnait-il.  C’est une gageure de s’enfermer dans une cathédrale engloutie ».

Alors pour affronter les abysses Tesson s’est armé de 2 apophtegmes. Et je ne résiste pas au plaisir de vous les dévoiler :  Celui de Bossuet d’abord... 

« Nous savons que nous allons mourir mais nous n’y croyons pas »

Et celui d’Alphonse Allais, enfin, qui deux siècles plus tard semblait lui répondre : 

« Ne nous prenons pas au sérieux, il n’y aura pas de survivant ».

Bon week end quand même !