Chaque matin, Natacha Polony nous présente les différents éditos qui font la Une de la presse.
C’est une remarque anodine, dans l’éditorial de la Nouvelle République. "Bizarrement, écrit Olivier Girot, dans n’importe quel appartement de classe moyenne des grandes capitales mondiales, on se sent un peu chez soi. Qu’on soit à Bogota, New York, Tokyo ou Sidney… on a de fortes chances donc de ranger ses livres dans une étagère Ikea, de s’asseoir sur un canapé au nom imprononçable ou de s’immerger dans une ambiance créée par les incontournables bougies chauffe-plats du magasin". Cela s’appelle la globalisation, et non seulement ça ne dérange personne de ressembler à tout le monde, mais les élus se battent pour obtenir ce signe extérieur de réussite. "En témoigne les investissements de plusieurs millions d’euros consentis par Orléans ou par Tours pour permettre l’installation du show-room de l’enseigne et de son entrepôt. Outre les retombées économiques et les emplois créés, pour les élus "posséder" un Ikea sur son territoire c’est entrer dans un club restreint d’agglomérations interrégionales qui comptent".
Et visiblement, cela préoccupe beaucoup plus nos élus que de savoir combien d’emplois ont été détruit dans les filières du meuble français, quelle entreprise de mobilier en bois fermera dans le Jura, quelle PME licenciera, dans un coin, quel petit magasin de décoration fermera ses portes. Les emplois dans la distribution, on les compte, ils se voient tout de suite. Le journal de la Haute Marne ou la Montagne, bien sûr, se réjouissent des chiffres de chômage. Mais Pierre Cavret, dans Ouest France, rappelle que les PME et TPE, viviers d’emplois, attendent des baisses de charge, "rêvent de simplification administrative et craignent, non sans raison, que l’État leur reprenne d’une main ce qu’il leur donne de l’autre". Mais ce sont aussi les élus locaux, par leur préférence pour les belles inaugurations et le statut de métropole puissante avec zone commerciale débordante, qui ont un rôle à jouer.