Chaque matin, Emmanuel Duteil fait le point sur l'actualité économique.
On parle beaucoup de la grève à la SNCF, on en oublierait presque celle d’Air France qui se durcit pourtant.
Pour la première fois depuis le début du mouvement, ce mardi et ce mercredi, il y a deux jours de grève à la suite chez Air France. Et ce n'est pas fini ! Deux jours à nouveau la semaine prochaine, toujours mardi et mercredi. Rebelote la semaine d'après, le 23 et 24 avril. Cette nouvelle salve intervient après cinq journées de mobilisation ces dernières semaines. Une fois de plus, toutes les catégories de personnel sont appelées à débrayer. L'ampleur est forte même si la mobilisation commence à faiblir chez les personnels au sol. En moyenne, un quart des vols est annulée. Côté revendication, ça ne bouge pas d'un iota : 6% de hausse de salaire pour rattraper le gel de ces dernières années.
Une grève très couteuse.
Chaque jour de grève, la direction d'Air France estime perdre environ 20 millions d'euros. Après ces deux jours, on va donc s'approcher des 150 millions d'euros perdus, c'est à dire 10% de tout ce qu'à gagné l'an passé Air France. Cette grève intervient par ailleurs au pire moment, les vacances de Pâques qui viennent de débuter pour la zone A sont importantes pour le compagnie. Ça arrive aussi au moment où les clients finalisent leurs projets de vacances pour cet été et assurément, s'ils veulent partir, ils vont privilégier une autre compagnie, confiait un spécialiste du secteur. Il y a donc, une fois de plus, un énorme déficit d'image. C'est aussi très pénalisant pour la clientèle d'affaires. C'est la meilleure publicité possible pour les offres des low cost qui lorgnent de plus en plus ce marché, confiait un autre expert de l'aérien. Air France n'a plus le quasi-monopole de ce marché.
Aucune sortie de crise ne se dessine ?
Pas plus qu'à la SNCF ! Les réunions syndicats-direction tournent vite court, les portes claquent. Là aussi, on est dans un vrai dialogue de sourds. Les positions semblent pour le moment irréconciliables. Les petits gestes de la direction n'ont strictement servi à rien. Mais pour elle, pas question pourtant d'aller plus loin. La direction d'Air France le répète à qui veut l'entendre, une augmentation générale de 6% serait ruineuse pour l'entreprise. Elle parle d'un coût de 240 millions d'euros. Impossible à un moment où Air France est toujours beaucoup moins rentable et compétitive que ses grandes concurrentes. Surtout que l'entreprise a besoin de beaucoup de moyens pour investir et pour pouvoir se développer. En tout cas, même s'il n'est pas question de statut chez Air France, on peut faire un vrai parallèle avec la SNCF. Pour le gouvernement ou la direction, l'idée reste la même qu'à la SNCF : serrer les boulons pour mettre l'entreprise en ordre de marche pour résister dans un monde toujours plus concurrentiel.