Quel avenir pour Air France après le départ de Jean-Marc Janaillac ?

2:40
  • Copié
SAISON 2017 - 2018

Chaque matin, Carole Ferry fait le point sur l'actualité économique.

Carole Ferry remplace Emmanuel Duteil du lundi 7 mai au vendredi 11 mai 2018.

Carole Ferry revient ce lundi sur la démission du patron d'Air France vendredi soir. Jean Marc Janaillac a demandé aux salariés s’ils acceptaient une augmentation de 7% sur quatre ans pour sortir du conflit, il avait également mis sa démission dans la balance et 55% des salariés ont donc rejeté son offre.

Il a alors immédiatement assumé les conséquences du vote et confirmé sa démission. Elle sera remise officiellement mercredi. Le conseil d'administration lui a tout de même demandé de rester au moins jusqu'au 15 mai le temps de mettre en place une direction de transition.
Pendant ce temps, ça s'agite au gouvernement pour trouver qui va pouvoir reprendre définitivement les commandes. Une nomination pilotée bien sûr par l'État, qui n'a que 14% du capital mais l'essentiel du pouvoir de décision.

Si Air France plonge, ce sera à l'État d'assumer le sauvetage ?

C'est tout le problème ! Mais le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a anticipé ce dimanche en déclarant que l'État n'est pas là pour éponger les dettes et sauver des entreprises qui ne font pas les efforts nécessaires de compétitivité. Un message très clair à l'encontre des syndicats qui ont bien sûr marqué des point lors de cette consultation. Le ministre de l'Économie met les points sur les "I", ce ne sera pas non plus un chèque en blanc, quelque soit le nom du futur patron puisque ces négociations seront de toute façon pilotées en sous-main par l'État qui a tout intérêt à surveiller l'équilibre financier de la compagnie, si on ne veut que ce soit les contribuables qui finissent par payer les pots cassés.
D'autant que ça ne marche pas toujours. Areva, champion du nucléaire, dont le sauvetage a coûté plus de quatre milliards d’euros, a finalement été démantelé et des milliers d'emplois ont été supprimés.
Ce n'est pas mieux pour les compagnies aériennes à l'étranger, Swiss Air et Alitalia n'ont pas échappé au crash malgré des mises sous perfusion.

Mais Air France se porte quand même mieux qu'Areva ?

Bien sûr, d'autant que Jean Marc Janaillac a plutôt bien redressé la barre pendant ces deux ans à la tête de la compagnie. D'ailleurs, les syndicats ne souhaitaient pas son départ. Il a réduit la dette, renoué avec les bénéfices. Ce que veulent les syndicats, c'est profiter d'avantage de ces bénéfices après sept ans d'efforts.
Mais si Air France va mieux, elle reste quand même convalescente. Beaucoup moins compétitive que ses concurrentes Lufthansa ou British Airways. Le combat est rude face aux low cost ou aux compagnies du Golf.
Et puis, la grève lui a déjà coûté 300 millions d'euros (et les syndicats maintiennent leurs préavis pour ce lundi et mardi).
À cela s'ajoute le prix des carburants qui augmente, ça devrait rajouter 350 millions d'euros sur la facture cette année.
Il faudra voir aussi la réaction des marchés ce lundi matin à l'ouverture de la bourse de Paris. Si Air France perd la confiance des investisseurs, ça veut dire qu'elle aura plus de mal par exemple à emprunter et donc acheter de nouveaux avions. Bref, la compagnie s'apprête à affronter une belle période de turbulences.