Chaque vendredi, zoom sur un sujet qui fait l'actualité. Aujourd'hui, Emmanuel Ducros s'intéresse à la nouvelle programmation pluriannuelle de l'énergie, qui doit être adoptée par décret en avril, et qui suscite beaucoup de débats.
On parle ce matin de la nouvelle programmation pluriannuelle de l'énergie, qui doit être adoptée par décret en avril, et qui suscite beaucoup de débats.
PPE3, c'est son nom de code. Le gouvernement prévoit d'officialiser par décret la nouvelle programmation pluriannuelle de l'énergie qui va fixer la trajectoire énergétique française jusqu'en 2035. Il y a une urgence : remplacer la programmation précédente, qui prévoyait encore la fermeture de 14 réacteurs nucléaires, mesure abandonnée après le discours de Belfort en 2022. Vous savez, l'abandon du dogme du 50% maximum de nucléaire dans le mix électrique, sorti d'on ne sait où. Ca n'est pas totalement fini.
Le document promet une révolution verte :certes, une relance du nucléaire... Mais aussi explosion des énergies renouvelables. Il y en a pour 300 milliards d'investissements d'ici à 2040.
Mais cette nouvelle programmation fait déjà débat
Nos confrères du Point ont eu accès à l'avis du Haut-commissaire à l'énergie atomique, Vincent Berger sur la feuille de route. Pas piqué des vers.
Il lance l'alerte sur un plan qu'il juge économiquement insoutenable et techniquement peu crédible, dans un contexte de tensions budgétaires et géopolitiques. Pourquoi ? Pour décarboner dans les délais, la PPE3 prévoit une forte hausse de la production électrique, essentiellement portée par le développement des énergies renouvelables : quadruplement du photovoltaïque et triplement de l'éolien. Problème, on risque la surproduction électrique ! Pour la faire courte, selon lui, cette feuille de route a été mal évaluée, elle surestime totalement la demande électrique, par exemple pour les voitures qui ne se vendent pas. On risque de construire à grands coups de milliards un système surdimensionné et hasardeux, pour une demande qui ne suit pas.
Et c'est un problème de produire trop d'électricité ?
Oui, parce que L'excédent de production électrique risquerait de ne pas pouvoir être exporté, ce qui pénaliserait fortement le contribuable et le consommateur et le réseau. EDF risque de vendre de l'électricité à perte, tout en devant financer le rachat des renouvelables produits massivement. En gros, le consommateur risque de payer deux fois une électricité qui n'est même pas nécessaire
ET il ya pire: cela fragilise l'existant. L'arrivée massive des renouvelables multiplie les variations de charge. des à-coups qui ne sont pas sans risque sur la sûreté du système électrique, qui peuvent causer des black-out et compromettre sur le fonctionnement de nos installations, selon le haut commissaire à l'énergie atomique.
Le Gouvernement semble ignorer les alertes.
Il a mis le texte de la PPE3 en consultation publique le 7 mars, jusqu'au 5 avril, sans en modifier une ligne. Ca devient une habitude en France sur le secteur énergétique. Les spécialistes décrivent les écueils, comme pour Fessenheim, comme pour le programme d'arrêt des réacteurs nucléaires. On ne les écoute pas.
Et c'est déjà un problème politique.
Oui. Marine Le Pen, par exemple, n'a pas de mots assez durs contre « une Programmation pluri annuelle de l'énergie dramatique qui selon elle ruine les Français, qui aggrave la politique énergétique décroissante d'Emmanuel Macron, qui étouffe la souveraineté, l'industrie et le pouvoir d'achat ». Elle promet de s'opposer au décret. elle demande un vote sur le texte. Il pourrait même être prétexte à une future motion de censure.