Irak : une campagne "folklorique" pour les élections législatives

Irak, élections législatives, AFP 1280 5:27
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SAISON 2017 - 2018, modifié à

La campagne pour les élections législatives en Irak touche à sa fin. Une campagne marquée par des slogans parfois surprenants.

On prend la direction de l’Irak voisin. Là-bas, la campagne pour les législatives se termine et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça a été folklorique !

Depuis la mi-avril, les affiches ont fleuri partout, dans les rues des villes irakiennes : 329 sièges à pourvoir ce samedi, environ 7.000 candidats ! Et c’est vrai que certains font preuve d’une imagination parfois déroutante. L’un des correspondants de l’AFP là-bas nous rapporte quelques perles de cette campagne. Avec cette affiche par exemple, publiée dans un journal, et ce slogan : "Votez pour Anouar al-Ouaili, son cousin a un magasin de pneus en Australie." La force de vente de cet argument m’échappe encore… Ou alors cette candidate qui précise, comme un mini CV, qu’elle a "accompli 1.000 exploits". Lesquels ? Mystère. J’aime bien aussi cette confidence d’un photographe, dans le sud du pays, qui confie qu’un candidat est venu faire sa photo officielle dans son studio en tricot de corps, en marcel, en lui demandant de rajouter un costume avec Photoshop.

Il y a aussi des alliances surprenantes…

Oui, pas mal de coalitions pour cette élection. Dont une qui fait jaser, il faut dire qu’elle semble improbable sur le papier. Il s’agit du dirigeant chiite populiste Moqtada Sadr qui fait liste commune avec les communistes irakiens ! Beaucoup s’en amusent sur les réseaux sociaux, en suggérant qu’est née la "branche islamiste du Parti Communiste" ou en proposant ce slogan : "Travailleurs de tous les pays, unissez-vous et priez !" Il n’empêche que ce n’est pas simple de faire campagne avec ces deux casquettes. Une candidate a donc imprimé deux affiches. Dans les quartiers chiites de Bagdad elle apparaît voilée, ailleurs elle a les cheveux au vent. Enfin un petit dernier, un exemple qui va vous plaire j’en suis sûre. Un député sortant, tête de liste d’une alliance laïque, a fait une conférence de presse pour appeler "tous ceux qui aiment le bon vin en Irak, qui apprécient un bon arak", à le soutenir, lui qui les avait défendus au Parlement.

Quel est l’enjeu de ces élections de samedi ?

C’est la quatrième fois que les Irakiens élisent leurs députés depuis l’intervention américaine et 2003. Mais la première depuis qu’en 2014, l’Etat islamique avait pris la main sur un tiers du pays. Le scrutin va déterminer le nom du Premier ministre pour les quatre ans qui viennent. Le favori est le sortant, Haïdar al-Abadi, qui a mené avec succès la lutte contre les djihadistes en Irak. Et les préoccupations principales restent évidemment la sécurité, la reconstruction, l’emploi et aussi la lutte contre la corruption. Les observateurs sur place témoignent d’une campagne très dynamique, signe que les Irakiens ont envie de renouvellement.

On change de continent pour aller au Brésil, où nous attend Marie Naudascher. La grosse affaire du moment chez vous, c’est l’effondrement d’un immeuble de 24 étages, abandonné depuis des années. Le problème c’est qu’il était habité. Il y a eu au moins deux morts mais sans doute bien plus puisqu’il y a 40 disparus. Et ça fait polémique ?

Oui, une polémique sur le mal-logement. Parce que tout le monde est encore hanté par ces images terribles, captées par des témoins avec leurs téléphones. Cet immeuble en flammes qui s’écroule. Dans les jours qui ont suivi, les hélicoptères ont survolé les décombres pour tenter de secourir les rescapés. Hier matin encore, le corps d’un enfant a été découvert, une semaine après le drame.

Donc il y avait des familles entières ?

Oui, et c‘est là que commence la guerre des mots. Car cet immeuble était désaffecté depuis 17 ans ! Et donc certains considéraient ses occupants comme des "squatteurs", l’ancien maire de São Paulo a même utilisé le mot de "criminels" pour désigner les victimes. 140 familles vivaient dans cet immeuble. On les appelle au Brésil les sem tetos, les sans toits. Sur les réseaux sociaux, un hashtag tente de sensibiliser l’opinion publique : "Quem ocupa não tem culpa", c’est à dire, "ceux qui occupent ne sont pas coupables". Car ce sont des travailleurs pauvres, victimes de ce que certains appellent un "apartheid du logement". Et il existe des dizaines de mouvements sociaux et politiques qui luttent à leurs côtés.

Et ces mouvements pèsent dans la vie politique ?

Oui, car le déficit de logement est immense. Rien qu’à São Paulo, un million de familles n’a pas de maison. A l’échelle du pays, ce sont six millions, alors que sept millions d’immeubles sont vides, à cause de la spéculation immobilière. Conséquence, les mouvements des "sans toits" occupent plus de 200 immeubles à São Paulo dans des conditions très précaires. Il aura fallu un court-circuit dans une prise électrique au cinquième étage d’un immeuble oublié de tous, et ce drame, pour que les habitants de São Paulo réalisent que les plus pauvres n’ont même pas de quoi se loger, dans la ville la plus riche du pays.

En bref, en Zambie, ce pays d’Afrique australe, des pancartes font polémique dans la fac de Lusaka…

C’est la grande université de la capitale, qui accueille 35.000 étudiants. Et aux abords de la bibliothèque, des affichettes indiquent que la direction a été alertée que des étudiantes se rendaient à la bibliothèque à moitié nues, et que cela perturbait leurs congénères hommes. Les jeunes femmes sont donc invitées à s’habiller avec pudeur lorsqu’elles viennent à la fac. Alors, "à moitié nue", dans cette société très conservatrice et chrétienne, ça veut dire en jupe courte et décolleté. En tout cas les réactions sont nombreuses et partagées, certaines suggérant aux garçons de regarder leurs bouquins plutôt que les jambes des filles.