La Corée du Sud est l'un des pays développés où la différence de salaire entre les hommes et les femmes est la plus élevée. Les femmes osent enfin prendre la parole, avec des conséquences inattendues.
On va d’abord en Corée du Sud, où le phénomène #MeToo (Balance ton porc en français) a des conséquences plutôt radicales. Il faut dire que c’est un pays où les femmes ont encore du mal à s’imposer, notamment au travail…
Ah oui, là-bas le plafond de verre tient plus de la chape de béton, et encore, juste au-dessus des têtes. D’ailleurs le journal The Economist, qui a créé un "indice plafond de verre" place la Corée du sud en queue de peloton des pays développés. L’entreprise est un milieu extrêmement masculin, où les femmes à travail égal gagnent seulement 63% du salaire de leurs collègues masculins. C’est l’une des différences les plus élevées dans les pays développés. La société coréenne est patriarcale, machiste, marquée par le confucianisme, ce qui veut dire qu’on ne contredit pas un aîné ou un supérieur, à qui on doit obéissance et face auquel on se tait. Vous imaginez à quel point il est dur pour les Coréennes d’affronter ces normes sociales et de dénoncer des abus de pouvoirs de la part des hommes ?
Et pourtant elles sont de plus en plus nombreuses à le faire !
Oui, l’onde de choc #MeToo est arrivée en Corée, mais un peu plus tard qu’ailleurs. Le déclencheur, ça a été le témoignage d’une femme procureur, qui a raconté l’agression sexuelle dont elle a été victime de la part d’un de ses supérieurs, ancien ministre de la Justice. Si une femme aussi haut placée avait réussi à dénoncer ça, alors d’autres pouvaient oser aussi. Et c’est ce qui s’est passé, en cascade, dans tous les milieux, politique, culturel, économique, universitaire. C’est le grand déballage.
Avec un contrecoup assez inattendu, donc…
Le Coréens ne savent plus comment se comporter et appliquent de plus en plus la "règle Mike Pence". Le vice-président américain, très religieux et conservateur, a dit qu’il ne dînait jamais en tête à tête avec une femme autre que la sienne. Dans l’entreprise coréenne, ça se traduit par des hommes qui refusent de partir en voyage d’affaires avec des collègues femmes, par des patrons qui ne s’adressent plus à leurs employées sauf par texto ! Souvent, le soir un chef invite ses équipes à boire un verre. Désormais on oublie de convier les femmes. Bref, paradoxalement, voilà les Coréennes de plus en plus isolées au travail, suspectées a priori d’intentions malveillantes. Une situation qui inquiète le président. Son gouvernement prépare de nouvelles lois pour faciliter les démarches de celles qui portent plainte et surveiller la manière dont ces révélations sont traitées dans les médias, histoire que les victimes ne soient pas en plus discriminées.
On va aller en Afrique, plus précisément au Mali, où comme chez nous, on parle beaucoup du service public ferroviaire. Christelle Pire, vous êtes à Bamako pour Europe 1. Alors en France, on parle du statut des cheminots et de suppression des petites lignes, chez vous c’est plus radical puisqu’il s’agit de savoir si on veut encre des trains, tout court…
Oui parce qu’Ici, il n’y a qu’une seule voie de chemin de fer, qui relie Bamako, la capitale, à Kayes, une grande ville du sud-ouest du pays. Mais sur cette ligne, seul le fret est rentable. Et donc le train de voyageurs a été suspendu pendant 15 mois, il a repris en décembre dernier grâce à la mobilisation de la population, qui a fait pression en bloquant le train de marchandises.
C’est vital, le train, pour cette région ?
Oui, dans cette région où il y a beaucoup d’émigration, il traverse une vingtaine de petits villages, dont certains ne sont même pas accessibles par la route. Le chemin de fer est alors le seul moyen de se déplacer, de transporter les marchandises, mais aussi d’évacuer les malades. Et puis, ce train, c’est 450 voyageurs, et donc 450 clients potentiels qui passent dans ces villages. A chaque arrêt, les femmes se précipitent sur les wagons pour vendre de l’eau fraîche, des gâteaux, des beignets, et elles font ainsi vivre leurs familles.
Mais il est vraiment menacé ?
Oui Car il manque cruellement d’investissements, et ça depuis de nombreuses années. Aujourd’hui, il n’y a qu’une seule locomotive, qui a plus de 30 ans, et les pannes sont nombreuses. Les rails, ce n’est pas mieux, ils sont en mauvais état et obligent le train à ralentir. Pour faire les 500 kilomètres de trajet, il faut compter 18 heures ! Imaginez, 18 heures pour faire Paris - La Rochelle, par exemple. Alors pour remettre tout ça en état de marche, l’Etat avait promis l’année dernière une aide de sept millions d’euros, mais l’argent n’a toujours pas été débloqué. Et les cheminots, eux, n’ont pas été payés depuis cinq mois.
En bref, hier Boris Johnson, le ministre des Affaires étrangères britannique, s’est fait remonter les bretelles par le Président de la Chambre des communes !
Il ne trouvait plus le nom de son homologue dans l’opposition, chez les Travaillistes. Il l’a nommée du nom de son conjoint. Or Emily Thornberry a gardé son nom de naissance. Imaginez qu’à l’Assemblée, il y a quelques années, un député Les Républicains ait appelé Ségolène Royal Madame Hollande. C’est pareil. Et le Président de la Chambre a donc rappelé à l’ordre Johnson : "On ne nomme pas les gens ainsi par les titres de leur conjoint ! (…) C’est inapproprié, franchement sexiste et c’est parfaitement interdit ici !" Intervention très applaudie.