En Turquie, il est difficile, voire impossible, de manifester son opposition au président Recep Tayyip Erdogan. C'est pourquoi le "Mouvement de juin" a vu le jour.
Au moment où les militants pro Erdogan font parler d’eux en France, en attaquant ceux qui critiquent le président turc, on va s’intéresser ce soir à ceux qui le défient en Turquie. Et visiblement ça n’est pas simple…
Non, et pourtant il s’agit, sur le papier, d’un exercice démocratique des plus classiques : faire campagne pour les élections du 24 juin, à la fois la présidentielle et les législatives. Recep Tayyip Erdogan les a avancées de 16 mois pour convenances personnelles. Mais même ça, c’est très compliqué. D’abord, parce que l’opposition a été victime des purges massives effectuées par le régime depuis la tentative de coup d’Etat de juillet 2016. Et puis parce qu’une campagne qui n’est jamais relayée dans les médias, c’est beaucoup moins efficace ! Or quasiment tous les médias ont été phagocytés par le pouvoir. Où alors leurs équipes ont été mises à pied, affaiblies : 150 médias ont été fermés, plus de 120 journalistes sont derrière les barreaux et plus de 500 sont visés par des procédures judiciaires. Ajoutez à ça que l’état d’urgence est invoqué pour interdire toute manifestation. Ça devient très difficile d’exprimer son opposition, il y a six candidats à la présidentielle mais à la télé, un seul : Erdogan.
Ça s’appelle un blackout. Comment les Turcs s’y prennent-ils pour contrer la propagande ?
Un mouvement est né, c’est le "Mouvement de juin", un peu dans l’esprit des protestations du Parc Taksim Gezi. Vous vous souvenez ? Il y a cinq ans, des artistes et des citoyens avaient manifesté contre la destruction prévue de cet espace vert d’Istanbul. C’était devenu le symbole de la volonté de toute-puissance d’Erdogan et la grogne avait gagné tout le pays. Eh bien cette fois, des citoyens turcs éteignent leur télévision et le revendiquent sur les réseaux sociaux avec le mot clef "fermons-les". Ils se donnent rendez-vous aussi dans les parcs, les jardins publics pour échanger librement, s’exprimer. Souvent ils sont membres d’associations ou de micro-partis, ils sont surveillés par la police, souvent filmés, ce qui est une tentative d’intimidation évidemment. Sur les réseaux sociaux un autre mot clef remporte un grand succès depuis début mai, c’est le mot "Tamam".
Traduction ?
"Ça suffit." Un slogan que le président Erdogan a soufflé lui-même à ses opposants. Le 8 mai dernier, dans un discours évidemment retransmis à la télévision, en évoquant sa longévité (déjà 16 ans au pouvoir), il a dit : "Si un jour notre nation nous dit 'ça suffit', alors nous nous retirerons." Ah ! Justement, dans la nuit qui a suivi, un million et demi de tweets ont été envoyés avec le hashtag "tamam", devenu viral depuis, comme un cri de ralliement de tous ceux qui s’opposent au pouvoir autoritaire d’Erdogan. Ses partisans ont bien tenté une contre-offensive avec le mot "Devam", "encore", mais ça n’a pas pris.
On va s’intéresser maintenant aux médailles des futurs Jeux Olympiques 2020, à Tokyo. Bernard Delattre, vous êtes au Japon pour Europe 1. Les Japonais se sont lancé un défi : fabriquer des médailles à partir de métaux recyclés. Et pour ça ils ont besoin de nos vieux téléphones portables. Comment ils s’y prennent ?
Pour réussir le pari, il faut récolter suffisamment des trois métaux qui serviront à fabriquer les 5.000 médailles qui seront remises aux athlètes à Tokyo. Cela signifie que d'ici à 2020, il faut donc avoir récolté 10 kilos d'or, 1.230 kilos d'argent et 740 kilos de bronze. Ces métaux précieux, on les trouve dans les smartphones, les ordinateurs ou le petit matériel électronique (cartes graphiques, micro-processeurs, etc.). Donc, depuis un an, au Japon, tout cela est collecté.
On sait combien d'appareils ils ont déjà récolté ?
Oui, les Japonais ont déjà récupéré 8.900 tonnes de matériel électronique et 3,2 millions de smartphones. Ça parait beaucoup, comme ça, mais si la collecte continue à ce rythme, on n’arrivera pas à faire des médailles 100% recyclées. Cela pourrait aller pour le bronze et pour l'or, mais il manquera probablement des centaines de kilos d'argent. C'est pourquoi il vient d'être décidé de doubler le nombre de points de collecte, dans tout le pays.
Pourquoi ça ne prend pas aussi bien que prévu ?
D’abord Parce que les Japonais réduisent leur consommation. Ils épargnent, car ils sont inquiets pour l'avenir. Donc ils retardent le plus possible l'achat d'un nouveau smartphone. Ou alors, ils les revendent d’occasion sur internet. Car ici, la mode n'est plus du tout à la consommation frénétique. Au contraire, ce qui marche bien, ce sont les ateliers de réparation, les boutiques de seconde main, etc. En outre, les personnes âgées – de plus en plus nombreuses, au Japon – ont du mal à se séparer de leurs vieux téléphones à clapets. Tout cela pèse sur les résultats de la collecte de téléphones. Il faudrait en récolter quatre à cinq fois plus pour réussir cette prouesse de médailles olympiques 100% "écolo". Et pour ça, il faut convaincre les Japonais de prendre le temps d’aller rechercher les 200 millions de téléphones et 30 millions d’ordinateurs usagés qui dorment dans leurs armoires.
En bref, aux Etats-Unis, ce mardi après-midi, impossible de prendre un café dans une enseigne Starbucks…
Non, les 8.000 cafés du pays sont tous fermés. Ce n’est pas une grève ni pas de jour férié mais les 175.000 employés sont convoqués pour une formation contre les préjugés raciaux. Starbucks essaye de se rattraper, après un épisode désastreux pour son image. Deux jeunes hommes noirs avaient été arrêtés sans raison dans un de leurs cafés de Philadelphie, repartis menottés. Le manager avait appelé la police car ils ne consommaient pas, ils attendaient juste un ami avant de commander.