Chaque samedi, Bernard Poirette vous fait découvrir ses coups de cœur en matière de polar.
1793. A Paris, la Terreur fait rouler les têtes par milliers dans la sciure. Dans toute l’Europe, on observe avec épouvante la sanglante révolution française. Jusqu’en Suède, où le royaume de Gustave IV est en pleine paranoïa antirévolutionnaire. Dans un lac nauséabond de Stockholm, des enfants découvrent un tronc humain ; masculin assurément mais impossible à identifier. Deux hommes fort différents vont s’atteler à cette tâche : Jan Michaël Cardell, un vétéran de guerre manchot désormais auxiliaire de police ; une brute alcoolique certes, mais très intelligent.
Et Cecil Winge, un homme de loi dévoré par la tuberculose et dont la fin est proche. En cherchant à rendre justice au cadavre mystérieux, ces deux là vont se heurter à tout ce que la cour du roi Gustave compte d’ordures, de sadiques et de corrompus. Leur enquête débouchera sur une incroyable vérité, directement liée à la révolution de France.
Je ne vous en dis pas plus. Mais bien plus que d’habitude, j’espère que ce résumé vous donne envie de lire ce livre, "1793", que je qualifie sans aucune hésitation de chef d’œuvre. C’est un premier roman, impossible à lâcher une fois commencé. Histoire absolument passionnante, personnages puissants, écriture totalement maitrisée, traduction parfaite et surtout, surtout la Stockholm de cette époque, plus vraie que nature. Un cloaque infâme où la police rafle les filles des rues et les enchaîne aux métiers à tisser des bagnes filature.
Un cauchemar à l’air libre où l’on patauge dans les ordures et où les gueux sont heureux s’ils passent trente-cinq ans. Une société atroce et impitoyable dont la hache du bourreau ivre mort fait un travail nettement moins propre que notre guillotine. Et finalement, sans aucun doute, l’un des cinq meilleurs polars des dix derniers mois. Une splendeur. "1793" du Suédois Niklas Natt och Dag – qu’il me pardonne si j’écorche son nom - est paru chez Sonatine. Il s’en est vendu 200.000 en Suède. On doit pouvoir faire mieux.