Chaque samedi, Bernard Poirette vous fait découvrir ses coups de cœur en matière de polar.
Deux sœurs, à Lagos, au Nigeria. La grande, Korede, est assez moche. Elle est infirmière hospitalière et folle d’amour pour son chef de service, le docteur Otumu. La petite, Ayoola, est une bombe sexuelle totalement écervelée. Elle a la regrettable habitude d’assassiner ses amants avec le poignard que lui a légué son papa, un homme violent dont elle n’a que des mauvais souvenirs.
Ensuite, elle pleure et appelle sa sœur adorée, qui est priée de venir nettoyer le carnage. Ce qu’elle fait, pour la troisième fois, au début de l’histoire. Trois victimes, ça fait mathématiquement d’Ayoola une tueuse en série, une "serial killeuse". Vu l’efficacité très douteuse de la police nigériane, ça pourrait durer longtemps comme ça. Sauf que la sœur cadette a la mauvaise idée de vouloir séduire le beau docteur Otumu. Et là, forcément, ça coince avec Korede, qui raconte, au fil de 75 chapitres très courts, très drôles et très enlevés comment elle compte sauver son toubib chéri des griffes sanglantes de sa sœur dérangée.
"C’est très jubilatoire"
Vous allez me dire : "Oui, bon, c’est une sorte de pochade policière version africaine". C’est ça ; mais pas que. Car en filigrane des aventures criminelles des deux sœurs, on découvre une société africaine en complète ébullition où, ça ne vous surprendra pas, les femmes grignotent chaque jour un peu plus le pouvoir de ces messieurs. Et ça aussi, c’est très jubilatoire."Ma sœur, serial killeuse" est donc une perle noire africaine, écrite par Oyinkan Braithwaite qui, dans le civil, a l’air d’être une sacrée nana ! C’est paru aux éditons Delcourt.