À l'occasion de l'ouverture du Salon de l'Agriculture ce week-end Porte de Versailles à Paris, Jean-Pierre Montanay s'intéresse à l’agriculture urbaine qui creuse de plus en plus son sillon. Elle permet de fournir les magasins bio de quartier et d'expérimenter des innovations et moderniser l’agriculture mais ce qui nourrira la planète demain se sont les cultures plein champ.
Le Salon de l’Agriculture s’ouvre ce samedi Porte de Versailles à Paris, un secteur bouleversé par l’arrivée des fermes urbaines. Demain, la campagne va-t-elle s’installer en ville ?
À l’occasion de l’ouverture au printemps de la plus grande ferme urbaine perchée d’Europe, 14.000 mètres carrés de culture seront installés sur d’immenses toits à Paris. Plus d’une tonne de fruits et de légumes devrait être produite par jour. L’Agronaute, la première ferme de ville s’étale sur l’ile de Nantes. Tomates, concombres et courges poussent hors sol, sous serres, depuis six mois. À Rotterdam, une exploitation flottante est née dans le port. Du jamais vu zvec 40 vaches qui fournissent du lait, des yaourts et du fromage aux riverains.
Au nord de Paris, 3.500 m2 de parkings sous terrain, désaffectés et squattés par des toxicomanes accueillent désormais cresson, brocolis et radis qui ont donc chassé le crack. Les endives ont droit au noir complet pour grandir et les champignons s’épanouissent dans la paille sous des lumières à Led. Des bouts de campagne grignotent le béton, il en pousse des centaines partout en France et dans le monde de Shanghai à Vancouver.
Où est né ce phénomène ?
À New York, berceau et laboratoire des fermes urbaines depuis les années 90, on a eu l’idée d’inscrire la production agricole au cœur des villes au plus près des consommateurs. À Newark, dans le New Jersey, s’est ouverte la plus grande ferme verticale du monde sur 12 étages, indoor donc à l’intérieur. Temple de l’Agriculture du futur et des nouvelles technologies, ça ressemble plus à un labo qu’à une ferme du Larzac. Tout est contrôlé par ordinateurs, ces cultures hors sol sont réalisées grâce à l’aéroponie. Il s’agit d’une innovation incroyable, les racines des plantes sont à l’air, alimentées par des projections d’eau et de nutriments. Cette technique permet de produire 10 fois, sans pesticides, en consommant 95% moins d’eau que dans une ferme traditionnelle. Et tout ça sans déchets.
L’agriculture urbaine peut-elle nourrir demain les villes ?
L’autosuffisance c’est juste un fantasme. Selon l’ONU, en 2050, sept milliards de personnes vivront en zones urbaines. Autant dire que toutes les terrasses et les parkings du monde seront transformés en fermes où pousseraient fraises, spiruline, salades et plantes aromatiques. Ils ne suffiront cependant jamais à nourrir tout ce monde. C’est parfait pour fournir les magasins bio de quartier, c’est génial pour expérimenter des innovations et moderniser l’agriculture mais ce qui nourrira la planète demain se sont les cultures plein champ, les céréales qui prennent beaucoup de place, des champs de blés, de maïs et des rizières au milieu des gratte-ciels. Ça ne va pas être possible !