Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
Le nouveau retard de l'EPR de Flamanville met la filière nucléaire dans une impasse. Et vous nous dites : ne nous y trompons pas il y aura des conséquences politiques.
Les soudures, au nombre de huit, qu’il faut réparer dans le réacteur 3ème génération à Flamanville fissurent l’ensemble de la filière nucléaire mais bien plus encore. Cette décision sans appel signifiée par l'autorité de sûreté nucléaire déclenche une série de réaction en chaîne.
Comment faire pour réparer ?
Le département d'EDF, dit du nouveau nucléaire, s’apprête à commencer les discussions avec l’autorité de sûreté nucléaire. Il va falloir s’accorder sur une méthode de travail pour détruire une partie de l’infrastructure et arriver aux soudures en question au cœur du réacteur puis reconstruire. Et il ne s’agit pas de construction avec du béton pour des immeubles ou des ponts comme on peut l’imaginer aisément. Les études sur la méthode et la mise en application peuvent prendre jusqu’à 3 ans selon certains spécialistes du secteur.
Mais ce n’est pas tout, ce dossier soulève la question des compétences industrielles françaises : actuellement la France ne possède pas les techniciens de très haute technologie capable de réaliser une opération de soudure dans un réacteur. Il va falloir les trouver ailleurs ou en former ici. La sûreté nucléaire demande que tout soit réparé avant la mise en service du réacteur de Flamanville. Elle était prévue pour fin 2021, cela ne sera pas le cas. Avec encore une autre conséquence, la production de charbon qui sert à passer les jours d'hiver dans le Nord Ouest du pays va continuer à fonctionner. Ce qui n’est pas dans l’air du temps.
Et c’est là où l’on arrive aux impacts politiques de ce casse-tête industriel.
Ces difficultés mettent à mal un calendrier et un discours : Emmanuel Macron a demandé à EDF de bâtir dans ce quinquennat un programme baptisé du Nouveau Nucléaire qui comprend des investissements étrangers avec comme argument de vente l'EPR. Tout risque d'être reporté et de coûter encore plus cher. Et dans un contexte où la pression est très forte sur les exécutifs ouïr produire de l’énergie propre, les revers de la filière redonnent des arguments aux partisans de la sortie du nucléaire, ce qui serait très lourd en terme de coût social pour le prix de l’électricité et pour l'environnemental.
Les périodes électorales successives à venir vont également avoir leur poids sur la gestion du sujet. On le voit : l’onde de choc de l’affaire des soudures de Flamanville ne fait que commencer à se propager dans le secteur de l’énergie nucléaire. L'avenir dira si les acteurs, Etat, EDF et autorités de sûreté nucléaire décident d’affronter ce dossier ultra-sensible. Chacun de son côté, ou de rester soudés.