Alors que le terrorisme a durement frappé la France, Nicolas Sarkozy s'appuie sur le débat de l'identité nationale dans le cadre de sa candidature à la primaire de la droite.
Nicolas Sarkozy avait lancé le débat sur l’identité nationale pendant son quinquennat, cela ne lui avait pas réussi. A-t-il raison de le relancer dans le cadre de sa candidature à la primaire de la droite ?
Oui, car les temps ont changé. Depuis 2012, le terrorisme islamiste est passé par là et touche durement la France. Une peur s’est installée, qu’on le veuille ou non, chez beaucoup de Français. Tous les sondages le montrent, et pas seulement à droite. Ce n’est désormais plus l’affaire du seul Front national.
Les Français se sentent non seulement agressés physiquement mais aussi dans leur identité, leur culture, leur histoire. Les débats sur les menus de substitution, le burkini, le niqab, le financement des mosquées, la formation des imams le montrent. Ici comme d’ailleurs partout en Europe, une angoisse identitaire s’est diffusée, certains redoutent même un grand remplacement.
Les réponses apportées dans son livre par Nicolas Sarkozy peuvent-elles convaincre ?
Elles ont au moins le mérite d’être relativement précises. Sa grande erreur avait été, pendant son quinquennat, de lancer le débat en l’air alors que personne ne savait pourquoi, sinon pour le soupçonner de vouloir diviser les Français. Il n’y avait aucune loi à la clé, aucun projet en perspective.
Là, c’est différent. L’identité française, il explique comment il veut la protéger en agissant sur l’immigration clandestine et économique, l’école et l’assimilation. On est d’accord ou pas, mais c’est clair. Certaines mesures restent néanmoins inabouties.
Il veut refuser, par exemple, la nationalité française aux enfants de 18 ans nés en France si ceux-ci ont un passé judiciaire ou si leurs parents étaient en situation irrégulière à leur naissance. Très bien mais qu’en fait-il ? Les expulser, mais pour aller où ? Qui en voudra ? Ils ne connaissent que la France ?
La primaire à droite peut se jouer sur le thème de l’identité ?
Pas uniquement, mais beaucoup. Sarkozy est persuadé que son principal rival Alain Juppé a commis une erreur en parlant d’identité heureuse. Juppé appelait à « comprendre et accepter » le lien des immigrés à leur culture d’origine, "source d’une diversité qui enrichit notre patrimoine".
La vraie fracture entre Sarkozy et Juppé, elle est là. Entre l’un et l’autre, ça peut donc se jouer là-dessus à la primaire.