Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mardi, Virginie Phulpin s'intéresse au handisport qui doit faire sa révolution Selon elle, il n’y a pas assez de femmes.
Nous sommes le 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Et les jeux paralympiques se déroulent en ce moment à Pékin. L’occasion de parler de la place des femmes dans le handisport. En France, le constat est sans appel : il n’y a pas assez de femmes, et c’est aussi un des enjeux de Paris 2024.
L’exemple de Cécile Hernandez doit nous faire réfléchir et agir. La Française a remporté hier la médaille d’or en snowboardcross paralympique. Une victoire en tous points remarquable. Elle a 47 ans, ça fait 17 ans qu’elle souffre d’une sclérose en plaques, elle est déjà montée sur les podiums à Sotchi et Pyeongchang, et pourtant elle s’est encore battue comme une lionne pour gagner. Et quand je dis qu’elle s’est battue, ça n’est pas une image. Cécile Hernandez surfe normalement en catégorie LL1, c’est à dire les athlètes fortement handicapés d’un membre inférieur. Mais il y a 3 ans on lui a dit que faute de combattantes, sa catégorie disparaîtrait des jeux. Après une lutte de tous les instants, elle a appris juste avant les jeux qu’elle pourrait finalement s’aligner dans la catégorie des snowboardeuses moins handicapées. Et elle a gagné ! Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est un exploit retentissant.
On peut dire que c’est un modèle de ténacité.
Bien sûr qu’on est admiratifs. Mais il y en marre que ces sportives soient de merveilleux exemples sans que rien ne bouge après. L’absence de mixité dans le handisport, et notamment en France, n’est plus possible. 18 athlètes tricolores sont à Pékin. Et parmi eux, 2 femmes seulement ! Marie Bochet et Cécile Hernandez font briller nos couleurs, certes, mais elles sont un peu seules… Et ça fait des années que la France est à la traîne en ce qui concerne la mixité dans le handisport, quand des pays comme le Canada ou l’Autriche arrivent à une quasi parité. Il y a déjà un problème au niveau mondial, si les combattantes n’étaient pas assez nombreuses dans la catégorie de Cécile Hernandez, ça concerne tout le monde. Mais il y a aussi un souci au niveau français. Alors pourquoi ? Ce qui ressort toujours comme explication, c’est qu’on n’arrive pas à impliquer davantage les femmes dans les clubs. Oui, les femmes osent moins que les hommes aller vers les structures sportives quand elles souffrent d’un handicap. Mais on ne va pas s’arrêter à cette explication. C’est surtout parce que les structures ne sont pas adaptées, en tout cas pas assez, parce que ces femmes ne sont pas suffisamment incitées à venir faire du sport. Ca demande une politique plus volontaire et plus de moyens. C’est comme ça que les choses bougeront. Ca doit être un des enjeux de Paris 2024. On ne peut pas tout révolutionner en deux ans, mais au moins changer de braquet. Pour que Cécile Hernandez ne soit plus une super-héroïne, mais juste une sportive qui gagne et qui donne envie à d’autres de la suivre.