Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce lundi, Virginie Phulpin s'intéresse aux joueuses de rugby de l’AS Bayonne qui refusent d'entrer sur le terrain pour dénoncer le manque d’investissement du club dans leur équipe.
Il s’est passé une chose très rare dans le sport hier : une grève. Les joueuses de rugby de l’AS Bayonne ont refusé de jouer leur match de coupe de France. Elles dénoncent le manque de moyens de leur équipe. Pour Virginie Phulpin, c’est un cri d’alarme nécessaire pour montrer ce que vivent beaucoup d’équipes féminines.
Ce week-end aurait pu, aurait dû être joyeux pour le rugby féminin français. Les Bleues ont écrasé l’Afrique du Sud 46 à 3 à Vannes samedi, dans un stade en fusion avec les joueuses. C’est l’image que j’aurais eu envie de retenir. Cette équipe de France a bel et bien réussi à se faire une place à côté des garçons. Ce qui n’est quand même pas une mince affaire. Mais les joueuses de Bayonne nous rappellent à l’ordre. Attention, ce serait illusoire de penser que la partie est définitivement gagnée pour les sportives. Quand on quitte le XV de France et les sommets du sport, la vie est beaucoup moins rose pour les équipes féminines.
Si les Bayonnaises ont refusé d’entrer sur le terrain en coupe de France contre le stade toulousain hier, c’est parce qu’elles estiment ne pas avoir les moyens de jouer cette compétition. Plus les années passent, moins elles sont nombreuses à l’AS Bayonne. Les unes après les autres, lassées de n’avoir que leur amour du maillot pour combattre, sans soutien du club, sans effort financier, sans considération en fait, elles voient d’autres équipes progresser, et elles, elles restent à quai. Elles jouent en Elite 1, la première division. Mais comme elles ne sont pas assez nombreuses, elles jouent trop, et il y a des blessées, de plus en plus. Et le cercle vicieux se met en route. Je ne vous parle même pas des résultats, elles sont dernières du classement. Forcément, dans ces conditions… Alors jouer en plus une compétition comme la coupe de France, c’est trop. Et elles ont dit stop.
C’est un geste fort, on voit rarement de grèves dans le sport de haut niveau.
C'est quand même autre chose que la grève des Bleus du foot qui ne voulaient pas descendre du bus en Afrique du Sud. Il y a quelques années, les joueuses de l’AS Bayonne auraient sans doute joué leur match quand même sans rien dire. En n’en pensant pas moins, mais en restant silencieuses.
Aujourd’hui, ça a changé. Les sportives prennent davantage la parole pour défendre leur sport, leurs conditions, et le sport féminin en général. Hier les Bayonnaises ont publié une lettre ouverte. Elles expliquent qu’après une longue lutte, elles ont obtenu un droit d’accès à une salle de musculation cette saison. Ça semble normal pour une équipe de première division, même si elles sont toutes amatrices et pas pros. Mais dans leur club, on appelle ça des "caprices de princesses". Vous êtes sérieux, messieurs ? En fait, elles veulent juste une préparation optimale, pour se donner toutes les chances. Qu’on soit bien d’accord. Une équipe féminine, ça n’est pas pour faire joli et pavaner dans les dîners. Ca demande des moyens, sinon ça n’est pas la peine. Alors bravo aux Bayonnaises de dire stop. Elles défendent leur cause, mais aussi celle de toutes les sportives.