Ben-Hur 4:52
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Avant d'être un film, Ben-Hur était un roman. Un roman écrit par Lewis Wallace, un général américain du XIXème siècle plein d'imagination.

Une vieille photo de 1861, un  tirage sur papier albuminé datant de la guerre de sécession, un historique comme disent les collectionneurs.  Dessus, un jeune homme fluet et pâlot qui regarde droit devant lui, l’air un peu perdu. Une longue raie à gauche lui fend la chevelure noire et son visage est à moitié mangé par une luxuriante barbe à l’impériale.

Le jeune homme porte une redingote à double boutonnage et des étoiles sur les épaulettes. C’est le portrait le plus connu de Lewis Wallace, le plus jeune général de l’Armée de l’Union, les fameuses tuniques bleues. Dans la poudre et la brume électrique de la guerre civile américaine. On est loin de Jérusalem au temps de Jésus Christ et de l’histoire d’un jeune Prince de Judée qui va venger sa famille. Le tout jeune général Lewis Wallace n’a pas encore 35 ans et n’a jamais écrit une seule ligne de sa vie.

Lew comme il se fera toujours surnommer, pose pour la photo, dans un salon de la résidence du gouverneur de l’Indiana, qui n’est autre que son père. Un cliché pris quelques jours avant son départ pour la guerre contre les confédérés sudistes. Loin des légions romaines, le général Wallace va emmener avec lui quelques centaines de volontaires, rassemblés sous le drapeau de la 11ème Infanterie de l’Indiana. Une petite armée de bric et de broc qui va rejoindre le fameux Général Ulysse Grant, derrière les lignes ennemies, dans le Tennessee esclavagiste.

Aussi sanglante qu’une guerre antique, la bataille de Shiloh  fera, en 2 jours,  plus de 3.500 morts et 20.000 blessés dans les 2 camps, Nordiste et Sudiste. Lew reviendra du Tennessee indemne mais meurtri et déshonoré. Accusé d’avoir perdu son sang-froid et d’avoir battu en retraite, le jeune général jettera l’uniforme pour enfiler la robe.

Un avocat qui disparaitra ensuite régulièrement des prétoires. Le temps de mystérieuses missions secrètes pour le compte du gouvernement de l’Union, parfois à la demande directe du Président, Abraham Lincoln himself. Espion, conseiller militaire occulte, Lew est réputé pour débrouiller les problèmes les plus délicats. Selon la légende Américaine, c’est lui qui aurait sauvé Washington des Sudistes. Lui aussi, qui, plus tard, aurait livré des armes aux insurgés mexicains pour renverser l’empereur Maximilien. Un Archiduc autrichien, brièvement empereur du Mexique.

Une fois rentré à la maison, Lewis Wallace va commencer à écrire. Un 1er roman, Le Dieu Juste, la chute de l’empire aztèque vue par les aztèques. La guerre de sécession est terminée. A. Lincoln est mort, assassiné. L’ancien général fera partie de la Cour Martiale chargée de juger les conspirateurs. Pas de cadeau : la pendaison pour tout le monde.

L’ancien général, devenu des années plus tard, gouverneur des territoires du Nouveau-Mexique, sera beaucoup plus clément avec William H.Boney, alias Billy The Kid, le jeune bandit légendaire à qui Lew accordera l’amnistie en échange de ses complices. Le marché tombera finalement à l’eau et Wallace mettra une prime de 500$ sur la tête du gamin-pistolero, avant de signer son acte de décès. Wallace, toujours au bon endroit de l’histoire américaine. 

Ce sont les Rois Mages qui mettront l’ancien général sur la route de Jésus et de Ben-Hur.  Melchior, Gaspard et Balthazar, débarqués à Bethleem avec leur encens, leur or et leur myrrhe. Une histoire merveilleuse que lui racontait sa maman, avant qu’elle ne meure lorsqu’il avait 7 ans. Les 3 visiteurs de Saint-Mathieu qui deviendront les principaux personnages du début de « Ben-Hur, une histoire du Christ ».

Un roman comme un pari lancé dans un train lors d’une discussion avec un célèbre conférencier athée américain. Prouver l’inexistence du Christ. Lewis, qui n’avait jamais cru en Dieu, cherchera des années avant de tomber à genoux devant ce qui deviendra pour lui l’Evidence de Jésus.

Ben-Hur sera le livre le plus populaire de la littérature américaine de la fin du 19ème Siècle. Après avoir occupé le poste d’ambassadeur des Etats-Unis dans l’empire Ottoman, Lewis Wallace reviendra d’Istanbul pour assister à la 1ere adaptation de son roman à Broadway en 1899, un show étourdissant pour l’époque avec des attelages de chevaux galopant sur des tapis roulant installés sur la scène, aux décors animés.  L.Wallace mourra dans son Indiana natal, sous un vieux chêne, sous lequel il avait pris l’habitude d’écrire. Un vieux chêne, qu’il avait baptisé Ben-Hur…