"Depuis quand, comment et surtout pourquoi a-t-on créé ça ?" Vous ne vous êtes peut-être jamais posé la question. Qu’importe ! Lui a la réponse… David Castello-Lopes remonte, avec humour, aux origines d’un objet de notre quotidien. Aujourd'hui, les origines de la cryogénisation.
Depuis la nuit des temps, on cherche à mourir le plus tard possible. Quand la mort semble inévitable, ils s’accrochent à la perspective, l’espoir d’être ressuscité. C’est pour cette raison que certaines personnes se font cryogéniser, pour vivre à nouveau lorsque la science aura évolué. Mais qui a eu cette idée ?
Robert Ettinger, le père de la cryogénisation
On doit cette invention à un certain Robert Ettinger, professeur de mathématiques et de physique, décédé en 2011. Au début des années 1960, après avoir atteint l’âge de 40 ans, l’idée de la mort a commencé à le stresser. Il s’est alors souvenu d’une histoire qu’il avait lu étant enfant, The Jameson Satellite, de Neil R. Jones, qui raconte l’histoire d’un personnage dont le corps décédé est propulsé dans l’espace et se retrouve en orbite autour de la Terre, exposé à des températures glaciales. Il est ramené à la vie des millions d’années plus tard par des cyborgs venus d’une planète lointaine.
Inspiré par cette histoire, il publie un livre appelé The Prospect of Immortality en 1962, dans lequel il s’interroge sur le fait que la mort devienne un processus réversible. Ce livre a connu un succès retentissant et mondial et on le considère aujourd’hui comme l’acte de naissance du mouvement de la cryogénisation.
La première personne à avoir testé la cryogénisation est un professeur de psychologie à l’université de Berkeley en Californie. Il est mort d’un cancer le 12 janvier 1967 et son corps a été immédiatement pris en charge par une société de cryogénisation américaine appelée Cryonics Society of California, fondée par un ancien réparateur de télévision. Le corps a ensuite été transféré dans une autre société de cryogénisation (fondée, elle, par un fabriquant de perruques).
Dans les années 60 et 70, plusieurs personnes ont décidé d’être cryogénisées mais le professeur de l’université de Berkeley est le seul qui subsiste encore. Les autres ont été abandonnés lorsque plus personne ne pouvait payer leur conservation ou que l’entreprise qui les conservait a fait faillite.
La cryogénisation peut-elle vraiment fonctionner ?
Mais la cryogénisation a-t-elle vraiment une chance de fonctionner ? Congeler un corps est totalement inefficace car le froid intense et prolongé détruit les tissus (un peu comme une fraise qu’on aurait placé au congélateur avant de la décongeler).
Les entreprises de cryogénisation actuelles sont bien conscientes de ce problème et essayent, non pas de congeler le corps, mais de le vitrifier. Le sang est alors remplacé par un produit qui joue le rôle d’antigel et le corps est placé dans une grande cuve d’azote liquide, à -196°C. Il n’est plus congelé, mais vitrifié. C’est notamment comme ça que l’on conserve les ovules des femmes qui souhaitent les utiliser plus tard.
De l’avis scientifique général, la ressuscitation après cryogénisation ne peut être achevée. Le cerveau humain est évidemment beaucoup plus compliqué qu’un ovule mais la raison principale est beaucoup plus terre à terre : lorsqu’ils sont vitrifiés, les corps sont déjà morts. Même en inversant le processus, on obtiendrait un corps… mort ! La dernière raison est financière : la cryogénisation est extrêmement chère : 200 000 dollars en tout, aux Etats-Unis.