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Tous les samedis et dimanches, Vanessa Zhâ et Marion Sauveur nous font découvrir quelques pépites du patrimoine. Aujourd'hui, direction l'Islande, pour une balade revigorante autour de Reykjavik.

On s’envole pour l’Islande, qui célèbre en ce moment la fête du milieu de l’hiver , le Thorrablot, mais avant de parler gastronomie viking avec vous Marion, on part s’immerger dans les paysages lunaires.

Pour cela, il n'y a pas besoin de filer dans les quatre coins de l'Islande. Il suffit de rester autour de Reykjavik. A une trentaine de kilomètres, il y a un circuit qui s'appelle le Cercle d'or. Je vous conseille de le faire en deux ou trois jours pour vraiment en profiter. Pour cela, il faut prendre la voiture, ou la moto-neige (encadré bien sur).

Que voit-on sur ce Cercle d'or ? 

Il y a trois spots emblématiques, mais représentatifs de tous les paysages islandais : Geysyr, le nom celte du geyseir, Gudfoss, qui veut dire la cascade d’or, et le parc national de Thingwetlich, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, le cœur de l’Islande dans tous les sens du terme. Sur le plan politique, ce dernier est d'ailleurs appelé "les plaines du Parlement". Au 9e siècle, une trentaine de tribus se sont réunies pour former le premier parlement d'Europe. C'est aussi ce lieu qui a été choisi pour la déclaration d'indépendance en 1944. 

Sur le plan géologique, on est au carrefour des plaques tectoniques nord-américaine et eurasiatique. La porte-parole de l'office du tourisme islandais, vous propose d'ailleurs une expérience insolite à Silfra : "faire du snorkeling entre les deux continents, là où le pays se sépare. C'est une expérience incroyable." Une activité que l'on peut pratiquer sans problème en plein hiver. L'eau est claire, c'est très beau. On peut aussi faire de la plongée avec des bouteilles, c'est l'un des plus beau spot au monde. 

Et le grand lagon qui fume, dans lequel on se baigne et que l'on voit sur toutes les photos, il est où sur ce Cercle d’or ?

C'est le Blue Lagoon dont vous parlez. Il est un tout petit peu plus loin. C'est un incontournable, mais c'est très touristique. Il faut dire que la carte postale fait rever : des eaux turquoises à 38 degrés, en plein milieu d'un désert de lave. Et qui dit désert, dit absence de pollution nocturne. On peut donc observer des aurores boréales, pas loin de Reykjavik. Il existe d'ailleurs des applications pour suivre le tracé des aurores boréales. Je vous conseille d'aller à l'hôtel The Retreat. Le spectacle est grandiose, vous êtes enfermés dans cette roche volcanique.

On regarde du côté de notre assiette Marion Sauveur. Que mange-t-on en Islande ?

Je vous propose de déguster des mets traditionnels islandais. On est en pleines festivités du Thorrablot, la fête du milieu de l'hiver. En Islande, c’est à cette époque de l’année qu’il fait le plus froid et le plus sombre. Et les Islandais en profitent pour se réunir, pour partager autour de bons repas qu’on appelle le Thorramatur. Ce menu rend hommage à leurs ancêtres et à leur ingéniosité, puisque quand ils ont colonisé l’Islande, ils ne trouvaient pas de nourriture fraîche pendant huit mois par an. Ils ont imaginé des modes de conservation pour pouvoir manger tout au long de l’année. Et on oublie le sel qu’on avait en Europe ! Il n’y en avait pas en Islande à cette époque.

Qu'est-ce qu'il y a au menu ? 

Du poisson fermenté et séché, mais pas n’importe lequel : du requin du Groenland. On appelle ce plat : le hakarl. Le requin du Groenland est un des plus gros requins carnivores du monde et sa chair fraîche est toxique, tout simplement parce qu'il n'urine pas. Il va secréter son urine grâce à la sueur. Pour pouvoir manger cette chair, les Islandais commencent par enterrer le requin pendant six semaines. Il va fermenter avec l’acide urique. Ensuite, ils découpent les différents morceaux et les laissent sécher dans de grands séchoirs à l’extérieur pendant quatre mois. La croûte est brune-orange et l'intérieur, la chair, très blanche. Mais il va garder cette odeur très forte d'ammoniaque. En bouche, c'est aussi très particulier et très fort, un peu comme un fromage qui a du caractère.

Un autre plat typique ?

La tête de mouton bouillie : la svio. C’est une demi-tête entière, sans cervelle et servie dans l’assiette accompagnée de pommes de terre ou de purée. À première vue, ce n'est pas très ragoûtant parce qu'il faut enlever de la peau, du cartilage : il faut dépiauter la bête. Mais tout se mange ou presque. Ce n’est pas mauvais, il y a beaucoup de viandes variées, des goûts très différents. La joue est une des parties les plus tendres et savoureuses mais les Islandais préfèrent les yeux ou la langue. Vous pourrez encore goûter le Lifrarpylsa qui est une saucisse de foie ou le Blóðmör, une sorte de boudin, puisque c’est du sang de mouton qui est enveloppé dans un estomac de bélier. Avec tout ça, on peut boire du Brennivin, un alcool à base de pomme de terre et de carvi, l'équivalent du schnaps.

Ce sont des plats qu'on peut trouver facilement au restaurant ?

En ce moment oui, les restaurants sont ouverts. Il y a des gestes barrières. Certains restaurants comme le Múlakaffi à Reykjavík servent ce genre de plats traditionnels toute l'année. Et ils proposent même leurs plats à emporter en collaboration avec les supermarchés locaux.

Et si on veut changer des spécialités traditionnelles ? 

Vous pouvez manger beaucoup de poisson sous différentes formes : marinées, frits, séchés… Vous trouverez même de la viande de baleine, mais je vous rappelle que la baleine est une espèce en danger donc évitez de la goûter. La viande reine dans le pays, c'est vraiment l'agneau. Il y a une délicieuse soupe d'agneau que je vous conseille : Kjötsúpa. Et partout vous trouverez le hot-dog islandais à base de viande d'agneau et qu'on appelle le pylsur. C’est la star du street-food en Islande. Il est accompagné d’une sauce à base de câpres, de moutarde et d’herbe.