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SAISON 2019 - 2020

Héros de la Seconde Guerre mondiale, Eisenhower n'a aucun mal à devenir le 34ème président des Etats-Unis en 1952. Mais il a un autre secret pour gagner... Dans le troisième épisode du podcast Mister President par Europe 1 Studio, Olivier Duhamel revient sur les deux victoires du républicain "Ike".

En 1952, un candidat républicain s'impose rapidement comme le grand favori de l'élection présidentielle : Dwight D. Eisenhower. La réputation de l'ancien général, commandant des troupes alliées en Europe durant la Seconde guerre mondiale, joue en sa faveur. Mais c'est aussi avec un slogan de campagne bien senti que celui que les Américains surnomment "Ike" réussit à rafler un grand nombre de voix. Dans le troisième épisode du podcast Mister President par Europe 1 Studio, Olivier Duhamel vous raconte comment Eisenhower est devenu le 34ème président des Etats-Unis et a conservé sa place de "commander in chief" quatre ans plus tard. 

Ce podcast est réalisé en partenariat avec l'Institut Montaigne

 

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L’élection de 1952 a d’abord connu un cas sans précédent : le président sortant, en l’espèce Truman, obligé de renoncer. Un dénommé Kefauver, sénateur démocrate du Tennessee, populiste déchaîné dans la dénonciation du crime et de la corruption, bat Truman à la première primaire, celle du New Hampshire. Il le bat de près de 3.000 voix, exactement 19 800 contre 13 900. Truman est trop impopulaire, notamment à cause de la guerre de Corée. Il jette l’éponge.

Suite de l’histoire : Kefauver gagne presque toutes les primaires côté démocrate. Mais à l’époque, il n’y en a pas partout. Dans nombre d’États, ce sont des conventions du parti qui choisissent leurs délégués à la Convention nationale chargée de choisir le candidat. Et les boss du parti, les apparatchiks, les bureaucrates de la machine contrôlent leurs conventions d’État. Tant et si bien qu’en juillet, à la Convention nationale, le sulfureux Kefauver, surnommé "Cow-fever", "fièvre de vache" trébuche. Certaines machines démocrates ont des liens avec la Mafia qu’il pourfend. Il est écarté au profit d’Adlaï Stevenson, gouverneur de l’Illinois et progressiste raisonnable. Stevenson est le type du démocrate issu de l’élite, un grand-père vice-président à la fin du 19ème siècle, un autre ami et conseiller d’Abraham Lincoln, passé par les plus excellentes universités, Princeton puis Harvard.

Eisenhower s'impose rapidement

Côté républicain, les primaires opposent essentiellement deux hommes. L’éternel candidat, le conservateur Robert Taft que nous avons déjà rencontré quatre ans plus tôt, fils de William Taft, président des États-Unis de 1909 à 1913. Et le héros de la Seconde guerre mondiale, le commandant en chef des troupes alliées en Europe, le général Eisenhower, qui, cette fois, a accepté de se lancer. Eisenhower gagne les primaires de la Côte est, Taft celles du Midwest, les deux arrivent à la Convention de Chicago au coude à coude. La bataille est féroce. Taft perd la première, par un vote qui annule ses délégués d’États du sud, supposés obtenus frauduleusement. Certains partisans des deux candidats en viennent aux mains. Eisenhower gagne le premier vote de peu, 595 voix contre 500, le second tour très nettement, 845 contre 280. L’affaire est réglée.

Les Américains veulent le changement, après vingt années de présidence démocrate. Une seule difficulté surgit pour les républicains. Le candidat vice-président, Richard Nixon, est mis en cause pour des dons qui n’auraient pas été déclarés. Il répond par un discours resté célèbre, le fameux "Checkers speech". Dans un premier temps, il démonte les attaques. Puis il parle d’un don précis, celui d’un chien dénommé Checker. Et il dit qu’il ne rendra pas le petit chien parce que ses filles l’adorent. Triomphe !

Pour le reste, la campagne développe un tapis rouge pour Eisenhower. Surnommé Ike – les Américains adorent donner des surnoms courts à ceux qui ont des noms trop longs. Dans sa famille, tous étaient dénommés Ike. Son grand frère Edgar, big Ike. Lui, Douglas, little Ike. Et le choix du slogan de campagne a été aussi simple que génial : "I like Ike". Lors de chaque étape, les gens viennent voir Ike, si possible toucher Ike. 34 millions de voix pour Ike, 27 millions pour Stevenson, 55% versus 44, vainqueur dans tous les États sauf 9 du sud. Décidément, they liked Ike.

Leçon n°2 : Un président sortant peut être empêché de se représenter. Truman le montre en 1952. François Hollande subira cette loi soixante-cinq ans plus tard.

Leçon n° 3 : Un slogan bien choisi peut faire gagner beaucoup de voix. "I like Ike" l’a prouvé. François Mitterrand le montrera avec "La force tranquille" en 1981.

L'élection de 1956, miroir de 1952

La présidentielle de 1956 répète celle de 1952. Mêmes candidats : Eisenhower, le président sortant, pour les républicains, Stevenson le challenger d’avant pour les démocrates. Il a gagné les primaires, grâce au premier débat télévisé qui l’a opposé à Kefauver lors de la primaire de Floride. Et grâce au fait qu’après Kefauver n’avait plus d’argent et a dû renoncer. Originalité, à la Convention nationale, tenue à Chicago début août, pour créer un peu d’excitation, Stevenson au lieu de désigner le candidat vice-président à ses côtés, a laissé ce choix ouvert au vote des délégués. Kefauver l’a emporté, mais il a failli être battu par un jeune sénateur inconnu hors du Massachusetts qui l’avait élu, un certain… John Fitzgerald Kennedy. RAS ensuite dans la campagne. Ike l’emporte dans 41 des 48 États (l’Alaska et Hawaï n’ont pas encore ce statut). Il triomphe avec 57% des votes populaires.

Leçon n° 4 : un général vainqueur d’une grande guerre est un excellent candidat. De Gaulle le prouvera, en 1959 au suffrage indirect, en 1965, élu par le peuple.

Mais tout général qu’il soit, un président américain ne peut cependant faire que deux mandats. Alors qui pour succéder à Eisenhower en 1960 ? Le suspense sera grand. Réponse dans le prochain épisode. 

 

"Mister President par Europe 1 Studio" est un podcast imaginé par Olivier Duhamel

Préparation : Capucine Patouillet
Réalisation : Christophe Daviaud (avec Matthieu Blaise)

Cheffe de projet édito : Fannie Rascle
Diffusion et édition : Clémence Olivier
Graphisme : Mikaël Reichardt
Archives : Patrimoine sonore d'Europe 1