Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
Abdelaziz Bouteflika quitte la scène, après 20 ans au pouvoir.
Qui a poussé le fauteuil roulant hors de la scène. Les généraux ou les manifestants ? Le peuple dans la rue le vendredi. Ou l’armée qui s’impatiente dimanche. Ou les deux, mon capitaine ?
Première remarque, le Président ne démissionne pas. Il annonce qu’il va démissionner. Quand ? Avant le 28 avril, fin de son mandat. Tout à l’heure peut être ou le 27, Inch Allah ! Une vieille blague cubaine prétendait que Fidel partirait en avril, mais sans jamais préciser l’année. Castro est parti quand il l’a décidé. C’était en février.
Abdelaziz Bouteflika fait mine d’être encore maître du calendrier.
Il a dû renoncer au 5e mandat. Il a renoncé à prolonger le 4e d’un an ou deux. Il renonce même à le conduire à son terme.
Toujours trop peu, toujours trop tard.
Cela fait une semaine que les généraux l’ont déclaré inapte. Mais le clan présidentiel négocie pied à pied. Le Parti, le syndicat, le Parquet, tous ses soutiens le lâchent. Les autres cherchent à fuir, comme le patron des patrons arrêté à la frontière et jeté aux oubliettes. On ignore où, sous quelle accusation. Personne ne s’étonne : ce nouveau riche incarne la corruption du régime. Les jets privés sont cloués au sol, interdit de vol. Ce n’est pas la valise ou le cercueil mais fais tes bagages, la chasse est ouverte. Le régime se délite dans un tourbillon de fake news. Le clan Bouteflika s’accroche toujours et veut sauver la face.
La nomination d’un gouvernement de technocrates avec quelques fidèles et aussi le général Gaïd Salah, le Brutus qui a donné le signal de la curée est l’expression de ce rapport de forces. La transition a commencé. Selon la constitution, il faut expédier les affaires courantes jusqu’à l’élection d’un nouveau président cet été. Scénario improbable !
Les millions d’Algériens qui ont manifesté veulent la fin du système, pas que les choses rentrent dans l’ordre ?
Le slogan , c’est "Dégagez, partez tous !". Cela inclut les généraux, les services, l’État profond.
L’armée avait mis Bouteflika au pouvoir, le premier civil depuis l’indépendance. Aujourd’hui, elle le chasse. Il s’agit de prendre de vitesse le printemps algérien. Elle veut tout changer pour que tout reste comme avant. C’est le genre de mouvement tactique facile à décrire dans le bac à sable et quasi impossible à exécuter sur le champ de bataille.
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