Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
D’anciens dirigeants socialistes européens appellent à la libération de Lula Da Silva, l’ancien président du Brésil, qui est en prison pour corruption.
Cela tient du Club Med, de l’association des gueules cassées et du cercle de retraités. Autour de François Hollande, trois anciens présidents du Conseil italien retombés dans l’oubli, un Espagnol Zapatero qui a traversé le ciel politique comme une météore, et un Belge incongru (Di Rupo)…
Tous des ex, tous socialistes, tous désavoués par les électeurs et peinant à s’y résigner.
Cela explique qu’ils aient tant d’indulgence pour Lula da Silva. Pensez donc, il a quitté le pouvoir avec 80% de popularité. Quel prodige ! Quel gâchis. Il faut remettre cela !
Sauf que Lula est en prison.
Il trouve le temps long. Il a fait un mois, il lui en reste 143 à tirer ! À son âge, 12 ans, c’est la perpétuité.
Il y a deux évasions possibles. La classique, les pieds devant. La foule de ses supporters, à peu près la moitié du pays, lui fera des obsèques grandioses.
Et la grande évasion, plus romanesque, au goût de revanche : redevenir Président, regagner l’immunité.
Normalement, il est déchu de ses droits civiques, car il a été condamné en première instance et en appel. Mais ce n’est pas si clair. On en aura le cœur net, le mois prochain.
Sans attendre, Lula fait campagne.
Comme tous ceux qui découvrent la prison, il clame qu’il n’a rien à faire là. Dans le Monde d’hier, il plaide la machination médiatique, l’absence de preuves, la partialité du juge. Il passe très vite et vaut mieux : en appel, les juges étaient cinq et à l’unanimité, ils ont alourdi de 9 à 12 ans la sentence du juge Moro, l’incorruptible.
Lula préfère évoquer l’âge d’or de sa présidence, les dizaines de millions de Brésiliens sortis de la misère… Il promet que ce rêve éveillé va recommencer. Tout pour oublier les barreaux de la cage et les 6 autres procès qui s’annoncent.
Cela n’en finit pas.
L’enquête Lavage express a mis à jour la plus vaste affaire de corruption d’Amérique latine. Elle a secoué tout le continent, envoyé derrière les barreaux 300 politiciens et hommes d’affaires brésiliens. Dont les intimes de Lula qui l’accusent d’avoir été le donneur d’ordres, d’avoir orchestré le pillage de Petrobras, la firme pétrolière… près de quatre milliards d’euros détournés en pots de vins, c’est grandiose !
D’où la colère des Brésiliens après cet appel à la libération de Lula.
Les Brésiliens s’indignent que des politiciens discrédités chez eux leur fassent la leçon. Le Brésil n’est pas une république bananière.
Imaginez un peu que d’anciens dirigeants chinois, indiens, ou autres réclament que Jérôme Cahuzac soit nommé à la tête de la banque de France…
C’est drôle que des progressistes appellent au retour de l’homme providentiel au Brésil, si besoin en marchant sur l’État de droit. Le comble, c’est que les mêmes passent leur temps à faire la leçon aux électeurs qui disent "Tous pourris" et à dénoncer les dirigeants populistes en Europe.