Le fils de Mouammar Kadhafi peut compter sur de nombreux soutiens au milieu d'un pays divisé entre clans depuis la guerre de 2011.
En Libye, sept ans après la chute de Kadhafi, son fils Saïf al-Islam, annonce qu’il sera candidat à l’élection présidentielle, prévue au printemps. Et le comble, ce serait qu’il l’emporte ! Imaginer un peu : le fils du tyran remis sur le trône, avec l’onction démocratique qui plus est. Quelle revanche ! Ce ne serait pas une restauration, mais une vraie révolution, un tour complet, avec atterrissage à la case départ. Est-ce c’est possible ? Certains des experts qui suivent la reconfiguration des pouvoirs atomisés en Libye prétendent que oui.
Tel père, tel fils. Tous les Libyens, ou presque, pensent que c’était mieux, avant. Vu le chaos ambiant, c’est normal. Saïf al-Islam passait pour le moins pire des Kadhafi. Ce fils à papa incarnait une forme de modernité, un mirage d’ouverture économique, un réformateur contre la vieille garde, un peintre protecteur des arts. Mais face à la révolte, il s’est montré haineux. Il est même inculpé pour crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale de La Haye.
De nombreux soutiens. Sur le plan politique, tout cela ne fait pas un capital. Mais en Libye, on est plus fidèle à sa tribu qu’aux idées. Sur le papier, le rejeton de la grande tribu des Kadhafi peut compter sur son clan, il est soutenu par la milice de Zintan dont il était prisonnier et qui désormais le protège, celle de Abdelhakim Belhadj, le chef du parti conservateur al-Watan, le laissera faire. Il est capable de rameuter le million de voix de la diaspora, sans compter tous ceux qui étouffent sous la tyrannie des islamistes à l’ouest et des militaires à l’est. Cela fait du monde.
Chaos généralisé. On souhaite bonne chance aussi à l’Onu qui veut organiser un référendum sur une nouvelle constitution, puis des élections législatives et présidentielle… Tout cela d’ici l’été. Ce programme à la Suisse est irréel dans le chaos libyen. En réalité, le pays ressemble à une poubelle au bord de la mer : trois gouvernements, deux parlements, des miliciens qui s'entre-tuent pour prendre un port, une route, une raffinerie, l’occasion d’un racket. Les caisses sont vides, les investisseurs se sont enfuis, mais les marchés aux esclaves ont réapparu, avec des ventes aux enchères. 600.000 migrants ont transité depuis cinq ans par la Lybie avant de s’embarquer pour Lampedusa. L’élection d’un Kadhafi serait la cerise sur le chaos.
De son côté la France, qui officiellement prône la réconciliation, soutient en douce le maréchal Haftar qui a unifié la région de Benghazi, mis la main sur les terminaux pétroliers et chassé les djihadistes. Saïf al-Islam n’est pas la solution que l’étranger veut imposer de l’extérieur. Mais il fait désormais partie du problème.