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Alors que Haïti est le théâtre de manifestations sanglantes depuis plusieurs semaines, le président Jovenel Moïse ne semble pas vouloir céder le pouvoir.

En Haïti, la crise s’aggrave. Elle a commencé au mois de mai et depuis le mois d’août, le pays est bloqué par les manifestants qui réclament la démission du président haïtien.

En Créole, on dit "pei loké". Les barrages paralysent toute activité. Les écoliers n’ont pas fait leur rentrée et les magasins ouvrent quelques heures par semaine. Il y a pénurie de tout, surtout d’essence. Et sans générateur, il n’y a plus d’électricité, pas d’eau non plus. Conséquence, les malades meurent à la porte de l’hôpital. Le sud a faim.

C’est tout un pays au chômage qui est en grève. Des gens qui font un repas par jour se retrouvent à la diète.

Les manifestants ne font pas une révolte, ils croient à la révolution. Elle est lente et usante. Ils veulent la tête de Jovenel Moïse, un président mal élu et bien corrompu. Comme les autres, à peine plus.

D’habitude, Jovenel se cache. Il y a quinze jours, il est apparu à la télévision, mais à deux heures du matin. Il a appelé au dialogue. L’opposition a opposé une fin de non-recevoir.

Entre le fantôme et les furieux, on est chez les morts vivants. De temps en temps, la police ou des gangs tirent dans le tas. Une ONG a compté 17 morts et dix fois plus de blessés en septembre. Des morts sans importance.

Haïti se noie et le monde s’en fiche royalement. Les Haïtiens ne risquent pas de débarquer à Lampedusa. Ils n’ont pas d’argent comme à Hong-Kong. Ils ne sont même pas islamistes. Il n’y a aucune ligne de front idéologique, comme au Venezuela.

C’est comme si ce pays était abonné au malheur. Après l’esclavage, la révolution, l’occupation américaine, Duvalier, Aristide, le tremblement de terre, Haiti découvre le pire.

La mondialisation qui l’ignore. Et la France qui l’a oublié.