Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
La mobilisation pour les Rohingyas s’amplifie. Le conseil de sécurité exige que la Birmanie s’active tout de suite pour mettre fin aux violences. Appels aux dons des ONG et appels à la prière dans les mosquées aujourd’hui. En revanche, un grand silence entoure la descente aux enfers de la Centrafrique.
Il y a le malheur très réel et très voyant des Rohingyas, ils sont plus de 300 000 à fuir, bientôt 400. Le monde musulman dans ce qu’il a de plus militant a été le premier à sonner le tocsin. Le président Erdogan et les mollahs iraniens, l’Arabie saoudite et les émirats, le Pakistan et l’Indonésie, le prix Nobel Malala, (la petite sœur des frères musulmans), le Haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU qui est un descendant du Prophète Mahomet, Al Jezirah et même Al qaïda se sont mobilisés. Cela fait beaucoup de bruit. Et tant mieux, si l’émotion suscitée se traduit en aide aux familles qui fuient la vindicte et la vengeance des militaires birmans.
Le sort des Rohingyas intéresse le monde entier.
Les Français, musulmans ou non, se sentent concernés, c’est normal puisqu’on parle de nettoyage ethnique. Mais c’est vrai aussi que la Birmanie multiethnique, multiculturelle, multiconfessionnelle, c’est compliqué, c’est loin. Autrefois, c’était l’affaire des Anglais, pas la nôtre. Aujourd’hui, c’est l’arrière-cour de la Chine, pas celle de l’Europe.
Beaucoup moins loin et même tout près par sa langue et son histoire, il y a la Centrafrique, Bangui la Coquette, l’indépendance sous de Gaulle, l’empereur Bokassa sous Giscard, le colonel Mansion de la DGSE pour gérer le pays sous Mitterrand, l’opération Sangaris sous Hollande. La Centrafrique, c’est la France Afrique à hauteur de l’Equateur et c’est le pire de la France-afrique. Une succession de satrapes au pouvoir et toujours pas d’Etat digne de ce nom. Régulièrement les Marsouins débarquent pour endiguer l’anarchie, à croire qu’il n’y a que les militaires à s’intéresser au dossier.
Il y a un an, les soldats français se sont repliés, laissant derrière eux 10.000 Casques bleus.
On se replie vite, vite, il y a un accord de paix. Sauf qu’il n’a jamais été appliqué. L’ONU s’est laissée déborder. Les milices contrôlent désormais 14 provinces sur 16. Il y a notamment les salakas, les musulmans qui arrivent du soudan et les milices antibalakas, animistes et chrétiens. C’est la guerre de tous contre tous, alimentée par le pillage du sous-sol et par les convoitises des pays voisins.
Résultat : 400 000 centrafricains avaient fui leur maison en janvier. Le mois dernier, ils étaient 600.000. Depuis une semaine, cela s’est encore aggravée. Et le vrai drame des Centrafricains en fuite, c’est que leur seul avocat, c’est la France et la France ne veut pas le savoir. Ce drame regarde la France et la France regarde ailleurs. Elle est occupée à faire les gros yeux à la Birmanie.