Chaque jour, Vincent Hervouët traite d’un sujet international.
Les tribulations de Donald Trump en Chine, troisième étape de sa tournée en Asie, après le Japon et la Corée.
À lire les journaux américains, on pourrait croire qu’il est en cavale, pas en voyage officiel. Qu’il fuit le shérif Mueller qui enquête sur l’affaire russe. Le Pulitzer à celui qui l’arrêtera !
C’est la première chose qui frappe dans cette tournée en Asie, elle est longue comme un exil. Ou comme des grandes vacances, car il a l’air détendu. C’est souvent à cela que servent les voyages officiels. Les présidents harcelés à domicile reprennent des couleurs sur le tapis rouge, ils sont honorés, on leur offre des cadeaux très moches et très chers, et tout cela fait du bien à leur égo.
Cinq pays, dix jours, c’est un marathon.
Deux semaines sans jouer au golf, interminable. Mais il a réussi à faire quelques balles avec le Japonais à sa première escale. Le Donald est impayable. Hier soir avant de se coucher à Pékin, il a envoyé un tweet. Des banalités aimables pour Monsieur et madame Xi Jinping, des guides formidables pour la Cité interdite, mais attention ! Ce tweet de Trump est envoyé de Pékin, de l’autre côté de la muraille électronique que la censure a dressé pour priver les Chinois de la liberté de gazouiller, de facebooker ou de googeliser. C’est un tweet comme un Z qui veut dire Zorro !
Bref, le Donald toujours vivant, tel qu’en lui-même, frimeur. Il surjoue et on se moque. On a tort. Au Japon et en Corée, il a fait un sans-faute.
À Pékin, c’est le face à face de l’Amérique avec l’Empire qui émerge.
Trump s’est fait élire en disant la Chine, c’est Satan. Avec sa monnaie au plancher, elle favorise les exportations dans un sens, et les délocalisations dans l’autre. La Chine ruine la classe moyenne américaine. CQFD. Depuis l’élection, il en parle moins. L’excédent commercial chinois s’est encore aggravé de 8%.
Mais il ne peut pas y avoir de guerre commerciale, les deux pays ont une capacité de nuisance économique réciproque, ça rappelle l’équilibre de la terreur pendant la guerre froide.
Sur le plan stratégique, quand il a reçu Xi JinPing chez lui en Floride, Trump a tout fait pour l’impressionner. Il a même envoyé une bordée de missiles sur les Syriens. On ne sait pas comment le Chinois a pris cette leçon vécue aux premières loges, mais le message était clair. Les Nord-Coréens doivent se méfier, le Donald est capable de tout.
C’était en avril. Depuis, Trump a pris quelques missiles. Il est affaibli. Pas Xi JInping, le congrès du parti était son sacre.
Mais la menace nucléaire nord-coréenne est au centre des discussions ?
Le dossier est sur la table ce matin. L’objectif des Américains, c’est la dénucléarisation de la péninsule. La priorité, que Kim Jong-Un négocie. On va voir si Trump est capable d’obtenir des Chinois qu’ils augmentent la pression sur ce tyran qu’il connaisse par cœur.