Chaque jour, Vincent Hervouet traite d’un sujet international.
Élection présidentielle en Colombie, ce dimanche. Le candidat arrivé en tête veut remettre en cause l’accord de paix signé avec la guérilla.
Si vous aimez l’actualité en noir et blanc, l’histoire comme une galerie de portraits avec les héros d’un côté, les salauds de l’autre, voilà une élection pour vous. En Colombie, il y avait une demi-douzaine de candidats, mais le choix, c’était pour ou contre la paix… A gauche, la paix, Gustavo Petro 25% des voix. Et à droite, le contraire, Ivan Duqué, 39% des voix.
Comment est-ce qu’on peut être contre la paix ?
La question, c’est faut-il renégocier l’accord péniblement conclu avec la vieille guérilla des Farc en 2016 ? Et dans la foulée, stopper le dialogue ouvert avec l’autre guérilla, l’ELN. Ou pas ?
En fait, le vote des Colombiens démontre qu’il y a deux bonnes raisons d’être contre la paix.
Quand on lui préfère la victoire.
Et quand on veut aussi la justice.
Mais l’accord de paix avec la guérilla des Farc a été signé, ratifié, appliqué.
Le président Santos a même obtenu le prix Nobel de la Paix ! Alléluia. Et aux élections générales en mars, dix chefs des Farc sont devenus des représentants du peuple, cinq députés, cinq sénateurs. Sauf que le peuple ne les a pas élus, les fauteuils leur étaient réservés. Et ils ont fait 0,2 et 0,3% des voix.
Pire, à chacune de leur apparition ils manquaient se faire lyncher. Au référendum pour approuver ou non l’accord, une majorité de Colombiens n’est pas allée voter et ceux qui l’ont fait ont voté contre. Le peuple est rancunier.
Restent donc en lice Ivan Duqué et Gustavo Petro.
Ivan Duqué a 40 ans, il veut tout changer. Il dit, je n’ai aucune expérience de la politique politicienne et de la corruption. Son mentor est Alvaro Urribé, l’ancien président qui a vaincu les Farc dans la jungle et qui refuse le compromis négocié par son successeur.
A gauche, Gustavo Petro est un ancien pistolero marxiste, devenu sénateur et maire de Bogota, c’est un peu comme en France, les ados ambitieux qui manifestent au printemps en jouant au grand soir et finissent au Sénat, à l’hôtel de ville ou ministre. Gustavo Petro a un handicap : il admire Hugo Chavez. Et les Colombiens sont aux premières loges pour contempler la débâcle bolivarienne.
Est ce que les Farc ne risquent pas de retourner à la guérilla ?
Il y a des dissidents qui n’ont jamais déposé les armes. Et 7.000 autres qui peinent à se réinsérer. Et puis, il y a ceux qui ont fait semblant. Jésus Santrich était le principal négociateur des Farc. Il doit devenir sénateur. Sauf que les Américains l’accusent d’avoir tenté d’exporter 10 tonnes de cocaïne ces derniers mois. Il fait la grève de la faim. L’archevêque de Bogota lui a accordé l’asile.
Cela aussi révolte les électeurs qui se souviennent des otages morts de faim aux mains des Farc.