Chaque jour, Vincent Hervouët traite d’un sujet international.
Saad Hariri s’apprête à quitter l’Arabie et à gagner la France avec sa famille.
Dans la mythologie française, il y a une scène unique au monde, le retour des otages. Avec le Président à Villacoublay, l’émotion des familles, en direct. Il y a eu toutes sortes d’otages et partout, Liban, Libye, Afghanistan, Serbie, Afrique, Philippines, Colombie, Sahel et toujours cette mise en scène qui dit l’État Mama, que la France a une politique étrangère et qu’elle n’oublie pas ses enfants au bout du monde. Jacques Chirac avait créé le genre, Nicolas Sarkozy en a fait sa priorité, François Hollande a fait le contraire puis la même chose.
Emmanuel Macron était un petit garçon quand tout ça a commencé, rappelez-vous Kaufman, Seurat, Carton et Fontaine, capturés par des miliciens aux ordres de l’Iran. Aujourd’hui, à son tour, Emmanuel Macron a réussi à faire libérer un otage du Liban. C’est même le premier ministre du Liban qu’il est parvenu à arracher à sa prison. Pour une fois, pas de rançon. La délivrance d’Hariri a été obtenue par le Président lui-même, qui s’est rendu sur place, a su trouver les mots justes avec le geôlier, qui a orchestré les pressions diplomatiques, c’est à son talent que Saad Hariri doit la liberté, et peut-être la vie sauve.
L’Élysée précise qu’en accord avec le Prince héritier saoudien, Saad Hariri est invité en France avec sa famille.
En creux, cela prouve qu’il était prisonnier du Prince. Il l’avait même jeté aux oubliettes. Huit jours sans donner de nouvelles. Au diner à Ryad, Emmanuel Macron a fait comprendre au Prince que le sort d’Hariri n’était pas une affaire entre Saoudiens. Que la stabilité du Liban était en jeu. Que Saad Hariri était couvert par l’immunité. Qu’il restait Premier ministre, tant qu’il restait à Ryad. Il a convaincu: le Prince a lâché du lest. Dimanche, Saad Hariri a donné une interview comme un prisonnier va au parloir. Le monde a découvert un homme brisé. Qui parle comme un otage, terrorisé, humilié. Le Président libanais a aussitôt exigé son retour. Hariri a répondu qu’il allait rentrer mais que sa famille resterait sur place. Michel Aoun a dénoncé une prise d’otage. Le conseil de sécurité s’est agité. Sous la pression, les Saoudiens ont lâché prise.
Est ce qu’il va s’installer à Paris en exil ?
Il ira à Beyrouth, pour passer la main. Où rien n’est réglé sur le plan politique. Le Hezbollah est toujours incrusté dans l’État. Les Israéliens aux aguets. Les terroristes refluent de Syrie. Les Israéliens sont aux aguets. Mais la France a restauré son crédit. Cela fait au moins quinze ans, qu’elle n’avait pas protégé son ancien protectorat.
Quand Emmanuel Macron quittera l’Élysée, ce serait bien qu’il s’installe dans l’appartement jadis prêté aux Chirac quai Voltaire. Il ne l’aura pas volé. Car il sauvé la vie du fils Hariri quand son prédécesseur n’avait pas réussi à sauver celle de son ami, Rafic Harriri son père.