Chaque jour, François Clemenceau traite d’un sujet international.
François Clemeceau remplace Vincent Hervouet ce mardi 15 mai 2018.
Des dizaines de morts à Gaza, une ambassade américaine transférée à Jérusalem, des condamnations tous azimuts mais Benjamin Netanyahou et Donald Trump sont unis à la vie, à la mort.
On se souviendra en effet longtemps de cette journée du 14 mai 2018, 70e anniversaire de la proclamation de l’État d’Israël par David Ben Gourion, de ce transfert symbolique de l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv vers Jérusalem, car l’essentiel des moyens et des effectifs du Département d’Etat et de la CIA resteront pour des années le long de la plage de Tel Aviv, on se souviendra de la présence à cette cérémonie de M. Gendre, Jared Kushner et de son épouse Ivanka et, à quelques 70 kilomètres de là, à distance de colombe, XXX morts, tous Palestiniens, tous tués, sans compter les blessés, pour avoir osé protesté contre cette politique du clou enfoncé où la revendication sur le retour des réfugiés est balayée du revers de la manche, la fin du blocus de Gaza négociée à chaque fois au centimètre ou au kilo, et le sort de Jérusalem, capitale de Palestine, plus seulement mis de côté comme jusqu’à présent, mais carrément insulté par le choix de Donald Trump de déménager de Tel Aviv vers la Ville trois fois sainte.
Pourquoi est-ce un viol du droit international ?
Parce qu’il faut rappeler que si l’on s’en tient aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies qui sont la matrice du droit international, Jérusalem n’a jamais été considérée comme la capitale de l’État d’Israël. Dans le plan de partage de 1947, Jérusalem a le statut de ville internationale supervisé par l'ONU mais Israël conquiert l'ouest de la ville à l'issue de la guerre de 1948. En 1967, la conquête et l’annexion par Israël de l’est de la ville, pendant la guerre des Six Jours est condamné par l’ONU et en 1980, la décision d’Israël de faire de Jérusalem sa capitale "une et indivisible" est également condamnée. Si bien que Donald Trump n’a pas tort lorsqu’il dit qu’il ne fait que coller à la réalité du terrain et en pragmatique qu’il est, c’est vrai que la capitale d’Israël se trouve à Jérusalem, même si le ministère de la défense est resté à Tel Aviv. Mais en droit, c’est une transgression, une violation. On a beau dire qu’Israël également a violé toutes les autres résolutions qui condamnent son occupation des territoires palestiniens et que les Etats-Unis l’ont toujours protégé par leur droit de véto jusqu’à ce que Barack Obama en décide autrement à la toute fin de son mandat. Mais là, c’est clairement Donald Trump qui prend l’initiative de violer le droit pour en faire bénéficier son allié.
Et en quoi est-ce cohérent avec ce qu’il est ? Avec ce qu’il fait ?
Tous les diplomates et les chefs d’Etat qui l’ont rencontré vous le disent : Trump adapte sa politique étrangère à ses priorités de politique intérieure. Son noyau dur d’électeurs qu’il n’a jamais perdu depuis son investiture, est composé en grande partie de chrétiens évangéliques. Pour eux, Israël est une priorité, une vérité qui dicte tout. Tant que le grand Israël de la Bible ne sera pas entièrement aux mains des Juifs, le Messie ne pourra pas revenir. À charge pour Trump donc de valider diplomatiquement cette fuite en avant prophétique par le soutien à la colonisation, l’annexion des terres et un éventuel plan de paix qui laisserait aux Palestiniens quelques pièces seulement du puzzle.