C'est vrai qu'à première vue, l'opération peut paraître assez provocante. D'abord, on "privatise". Ca n'est pas tellement dans l'air du temps en ces temps de chute boursière et du grand retour de l'Etat. Mais, en plus, on privatise le secteur nucléaire. Puisqu'Aréva, c'est notre grand champion mondial du nucléaire, présent sur toute la filière, cela va de l'extraction de l'uranium dans les mines, à son enrichissement; en passant par la construction de centrale, jusqu'au retraitement des déchets nucléaire dans l'usine de la Hague.
Mais, ce n'est pas tout, la provocation va plus loin. Puisque les noms qui circulent pour entrer au capital d'Areva, ce ne sont pas nos partenaires traditionnels de la vieille Europe. Non, on parle du Japonais Mitsubishi, et surtout des fonds souverains du golf persique : le Koweit, les Emirats Arabe Unis. Bref, l'opération a de quoi faire sursauter.
Alors fort heureusement, si on regarde le détail, la réalité est beaucoup plus douce. En fait, Areva a besoin d'argent, d'environ 10 milliards d'euros pour financer, entre autre, la construction de nouvelles centrales. Au début, Anne Lauvergeon, la présidente d'Areva, s'était logiquement tournée vers l'Etat. Lais l'Etat qui lui a répondu : les caisses sont vides. Et donc, il a fallu se débrouiller seul. Primo : Areva va donc revendre plusieurs de ses actifs, sa filiale de distribution d'eléctricité ainsi que des participations. Et puis, l'autre volet consiste effectivement à faire appel à des fonds privés qui vont prendre 15 % du capital. Mais l'Etat va rester largement majoritaire.
Au terme de l'opération, la part de l'Etat va passer de 91 % à 79 %. Donc, effectivement, l'Etat reste majoritaire. Et puis, justement, cette opération c'est l'occasion de s'ouvrir un peu sur le monde. D'abord Mitsubishi est un grand spécialiste du nucléaire. Quand aux Emirats Arabes Unis, Areva est en pourparler pour leur vendre deux centrales EPR.
Donc, on le voit, cette ouverture aux privés reste limité, mais, elle est stratégique. Puisqu'Areva pourrait ainsi trouver un partenaire, Mitsubishi et verrouiller la vente de deux centrales nucléaires aux Emirats Arabes Unis.