Et voilà qu'on reparle de la Chine ! Le pétrole a flambé au début de l'été avant de retomber lourdement ces derniers jours. Les bourses se sont envolées depuis juillet avant de corriger brutalement le tir depuis quelques séances. A chaque fois, c'est du côté de la Chine qu'il faut regarder pour comprendre ces yoyos.
Et si la Chine ne s'éveillait pas ? Du moins, pas aussi vite qu'on l'espérait. Un exemple : le pétrole. Depuis quelques mois, on a vu les cours du baril repartir à la hausse, au dessus des 70 dollars. Etait-ce à cause de la reprise économique qui faisait redémarrer les usines ? A cause des consommateurs mondiaux qui retournaient à la pompe ? En partie seulement car il fallait regarder du côté de la Chine. Pékin avait acheté massivement du pétrole : 4 millions et demi de barils par jour en juillet, une hausse de 50% depuis janvier. Aussitôt les marchés avaient cru à la reprise enclenchée depuis la Chine, avaient pensé que la demande explosait, que l'économie du pays repartait à plein régime. En réalité, l'Etat a injecté 4.000 milliards de Yuans (414 milliards d'euros) dans l'économie et une partie a été utilisée par les entreprises pour acheter du petrole à bon marché et le stocker. La consommation chinoise n'est pas repartie, non, l'Empire du Milieu a juste été Fourmi et non Cigale. Le baril est retourné vers les 65 $.
Est-ce que ça veut dire que la Chine est en crise ? On parle quand même d'une croissance de 8% alors que le reste du monde est en récession.
Oui mais cette croissance est entretenue artificiellement, à grand coup de milliards publics qui ne relancent pas la consommation mais servent à alimenter la spéculation. Il y a, par exemple, une bulle immobilière qui est en train de grossir avec des prix au mètre carré en ville au même niveau qu'aux Etats-Unis alors que les revenus chinois sont 7 fois moins importants que ceux des américains.
En fait, la Chine DOIT maintenir une croissance supérieure à 8%.
Parce qu'en dessous, le pays explose. Sous les 8%, les classes moyennes verront leur niveau de vie stagner et les classes ouvrières risqueront de connaitre le chomage. Pour le moment, la Chine manque d'un modèle de protection sociale, de politique de santé publique, de financement des retraites et ne peut compter que sur une croissance insolente, faute de quoi tout son modèle s'écroule.
Et cette croissance pourrait être menacée ?
En fait, la Chine reste le manufacturier du monde. Elle ne parvient pas à alimenter sa consommation grâce à son milliard et demi d'habitants. Or, les consommateurs américains - les premiers clients du "Made In China" sont déprimés. Résultat : les exportation ont chuté de 23% en juillet et les investissements étrangers se sont effondrés de 35% ! La Chine reste aussi la bête noire des opinions publiques. A chaque fois qu'un groupe veut acquérir un concurrent étranger, il se heurte régulièrement à une sorte de "patriotisme économique". Les relais de croissance à l'extérieur sont donc limités si la Chine ne change pas de modèle social. Le serpent chinois se mord sans doute la queue. Et la bourse de Hong Kong a encore ouvert en baisse ce matin.