L'info. C'est un procès rarissime qui s’ouvre lundi. Christian Iacono, accusé de viol par son petit-fils Gabriel, qui s'est depuis rétracté, va être rejugé devant la cour d’assises d’appel du Rhône, par le biais d’une procédure de révision. La Cour de révision de la République avait en effet décidé, le 18 février 2014, d'annuler la condamnation de cet homme de 80 ans, après 15 années de "calvaire" judiciaire. Europe 1 revient sur une affaire aux nombreux rebondissements.
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Condamné à neuf ans de prison en 2009 et 2011. Le début de l’affaire remonte au début des années 2000. Alors âgé de neuf ans, Gabriel accuse son grand-père, Christian Iacono, de l’avoir violé plusieurs reprises dans sa villa de Vence, lorsqu’il avait entre cinq et huit ans. En avril 2009, l’ex-maire de cette commune des Alpes-Maritimes est condamné en première instance à neuf ans de prison "pour viol et agressions sexuelles". Une peine confirmée en appel, en février 2011, par la cour d'assises d’appel des Bouches-du-Rhône. Mais depuis le début, l'accusé n'a eu cesse de clamer son innocence. "J'irai jusqu'au bout, toute ma vie, pour que mes enfants et mes petits-enfants soient fiers de porter le nom Iacono", avait-il notamment affirmé devant la cour.
Le petit-fils revient sur ses déclarations… Mais en mai 2011, un coup de tonnerre survient dans le dossier, quelques mois à peine après la condamnation en appel de Christian Iacono. Alors qu’il a maintenu ses accusations à l'encontre de son grand-père pendant 11 ans, Gabriel revient sur celles-ci. Dans un courrier envoyé au parquet de Grasse, le jeune homme de 20 ans se rétracte. S'il a bien été violé, il "ignore par qui", témoigne-t-il dans Nice-Matin. Et Gabriel d'expliquer dans le quotidien : "J’ai peut-être effectué une transposition, désigné mon grand-père à la place de quelqu’un d’autre." "Je n’ai pas envie qu’il passe un jour de plus en prison alors qu’il est innocent", clame-t-il. Une requête en révision est donc déposée par Christian Iacono auprès de la Cour de cassation sur la base de ces rétractations.
…Et demande "pardon" à son grand-père. Devant la Cour de révision, en 2014, Gabriel a demandé "pardon" à son grand-père, après avoir expliqué qu'il avait menti, petit, "pour attirer l'attention" et réunir ses parents autour de lui. Le jeune homme expliquait aussi avoir "été convaincu par les divers médecins de la réalité de (ses) propres mensonges jusqu'au premier procès". Il assure avoir commencé à ressentir des doutes dès le deuxième procès, sans oser "les formuler à haute voix" en présence de ceux qui l'avaient soutenu jusque-là.
"Plus difficile d'être le menteur que la victime". Pour ce troisième procès, Gabriel est prêt à assumer son mensonge, comme il l'a affirmé au micro d'Europe 1 : "Aujourd'hui, je suis capable de me rétracter devant la cour alors qu’il y a trois ou quatre ans j'en étais incapable. Face aux journalistes, aux jurés, à la défense, à toute la famille qui m’a soutenu ou qui a été contre moi, cela fait énormément de monde à qui avouer que l'on a menti. Il m'a fallu beaucoup de courage et de réflexion pour que je puisse le dire. C'est toujours plus difficile d'être le menteur et un pourri que celui qui a été victime."
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L’espoir d’un acquittement ? Pour Christian Iacono, l’ouverture de ce troisième procès est sans aucun doute porteuse d’espoir. En France, le fait de bénéficier d'un nouveau procès après une condamnation est exceptionnel. Depuis 1945, seuls huit condamnés ont ainsi pu être acquittés au terme d'une procédure de révision et un seul l'a été dans le cadre d'une affaire sexuelle. Loïc Sécher, condamné en 2003 à 16 ans de réclusion pour le viol d'une adolescente qui, après l'avoir accusé, a finalement avoué avoir menti, avait ainsi été acquitté au terme d'un procès en révision le 24 juin 2011. Pour ce viol qu’il n’a pas commis, cet homme avait passé sept ans derrière les barreaux.
La prison, Christian Iacono, lui, y est resté seize mois, en quatre séjours. Libéré le 5 avril 2012, il espère dorénavant que ce procès "consacrera son innocence après 15 années de procédure durant lesquelles il n'a jamais cessé de la clamer". Son petit-fils, lui, a affirmé à Europe 1 qu'il ne pourrait tourner la page que si son grand-père était acquitté et qu'il lui pardonne toutes ces années de mensonges.
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