Lamalou-les-Bains compte ses morts. En raison des violents orages, le camping de cette petite ville de l'Hérault a été détruit, emportant quatre personnes dans la nuit de mercredi à jeudi. Les victimes se trouvaient sur les bords de la rivière Bidoulet, qui a cru de manière considérable, à la suite des fortes pluies. Aujourd'hui, les habitants de Lamalou-les-Bains estiment que cette catastrophe aurait pu être évitée. Alors que la vigilance orange pluie-inondation et orage est toujours en cours sur l'Hérault, ils craignent un nouvelle catastrophe.
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La rupture du barrage à l'origine de la catastrophe. Dans cette station thermale du Haut-Languedoc, à 35 km au nord de Béziers, la petite rivière du Bitoulet qui longe le camping municipal s'est soudainement transformée en torrent, emportant dans une vague de plus deux mètres des camping-cars et des caravanes. La crue a été provoquée par la rupture soudaine d'un "embâcle", un obstacle naturel de végétaux et débris divers au fond du cours d'eau qui a lâché sous la pression des flots, a expliqué la préfecture.
"Personne n'anticipe rien". Pour Myriam, cette catastrophe était prévisible. Selon elle, il suffisait de nettoyer le cours d'eau, de manière préventive. "Je suis en colère. Personne n'anticipe rien. Ça fait des décennies que l'on ne nettoie pas les bords de rivière, sous prétexte que ça coûte trop cher. Et là, ça va couter combien ? Des vies humaines ?", s'alarme-t-elle, furieuse, en observant les dégâts autour de chez elle.
Jean-Michel estime lui aussi qu'il aurait fallut entretenir le barrage dans un état "déplorable" depuis ces dernières années. "S'il y avait eu un entretien régulier, ça aurait pu être évité. C'est sûr qu'il est tombé de grandes quantités d'eau, mais c'est dû à la rupture du barrage, qui était mal entretenu", estime-t-il.
"Il aurait fallu une digue." Pour le maire de la ville, élu en avril dernier, il aurait fallu une digue pour se prémunir d'une catastrophe. "Je suis resté à réfléchir toute la nuit pour comprendre comment protéger le camping. Il aurait fallu une digue. Mais je ne peux pas supporter des conséquences, s'il n'y a pas de digue. En cinq mois, je ne peux pas faire ce qui n'a pas été fait en 31 ans. J'assumerai mes responsabilités en tant que maire. Si un jour je devais être responsable, je ne le serai pas en me taisant", réagit Philippe Tailland, maire de la commune de 2.500 habitants.
L'état de catastrophe naturel bientôt décrété. Surtout que le camping, fermé jusqu'à nouvel ordre, était construit en zone inondable. Le parquet de Béziers a ouvert une enquête préliminaire pour "déterminer les circonstances et rechercher les éventuelles responsabilités" dans le déclenchement de la catastrophe. Arrivé sur place jeudi après-midi, le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a, pour sa part, annoncé qu'il demandera, lors du prochain conseil des ministres, le classement des zones touchées en état de catastrophe naturelle.