Le polémiste Dieudonné, qui a pu jouer vendredi soir à Metz à l'issue d'une procédure d'urgence en justice, a également obtenu samedi, in extremis, le droit de se produire le soir même au Zénith de Strasbourg, en dépit de la résiliation de son contrat d'accueil. Depuis son post Facebook "Je suis Charlie Coulibaly", plusieurs salles ont exprimé le souhait de faire annuler la venue de Dieudonné pour son dernier spectacle, notamment à Limoges et à Nice.
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Saisie par l'avocat de Dieudonné, Maître Sanjay Mirabeau, la juge des référés du tribunal de Strasbourg lui a donné raison. Elle a ordonné à l'exploitant du Zénith de Strasbourg d'ouvrir les portes de la salle à l'artiste et à son équipe ainsi qu'aux spectateurs au moins une heure à l'avance, sous peine d'une astreinte de 80.000 euros.
Lors de l'audience, samedi matin, Me Mirabeau a plaidé la nécessité de "respecter le droit des contrats". "Quel précédent créerait-on si on disait 'on peut contracter, et puis la veille (du spectacle), si le bonhomme a une sale gueule, si c'est le démon, ou parce qu'on n'aime pas ce qu'il dit, alors on peut rejeter tout ce qui fait le fondement de notre droit'?", a demandé Me Mirabeau.
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En réponse, Me Lin Nin, l'avocat du groupe Vega, actionnaire du Zénith de Strasbourg, a estimé que "les choses ont changé" depuis la conclusion du contrat de location de la salle, en juillet dernier. "Le contrat peut être résilié pour des motifs d'intérêt général. Les contractants doivent respecter l'ordre public et les bonnes mœurs", avait souligné l'avocat de Vega. Or, "en raison des événements intervenus et des propos qui ont suivi", le spectacle est appelé à se dérouler dans un "environnement portant atteinte à l'ordre public", avait-il ajouté. L'avocat du groupe faisait référence à une publication Facebook du polémiste ("Je suis Charlie Coulibaly") publiée dimanche, suite à l'attentat qui a visé la rédaction de Charlie Hebdo mercredi 7 janvier.
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Dieudonné s'explique. Dans une vidéo mise en ligne jeudi 22 janvier, Dieudonné explique sur son "Je me sens Charlie Coulibaly". Il s'agissait seulement d'une "saillie drôlatique", selon les mots de l'humoriste. "Je voulais dire non à cette guerre programmée (...) comme la voix du Poilu en 14-18 aurait pu dire, dans le traquenard des tranchées : 'je me sens franco-allemand' parce qu'il était fatigué", poursuit Dieudonné.