Dieudonné jugé pour propos antisémites contre un journaliste

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avec AFP , modifié à
JUSTICE - Le polémiste est jugé mercredi par le tribunal correctionnel de Paris pour provocation à la haine raciale suite à des propos sur le journaliste Patrick Cohen et les chambres à gaz.

"Quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage." C'est par ces propos, prononcés par Dieudonné dans son spectacle Le Mur que la polémique s'est déclenchée. Aujourd’hui, le polémiste qui a vu plusieurs de ses shows interdits, comparaît devant la justice pour provocation à la haine raciale. Dieudonné, qui pourrait être présent à l’audience, encourt un an de prison et 45.000 euros d'amende.

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Manuel Valls monte au créneau… le spectacle interdit. Tout était parti d'un reportage, diffusé en décembre 2013, par France 2, dans lequel était repris un extrait de son spectacle "Le Mur". "Tu vois, lui, si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps de faire sa valise. Quand je l'entends parler, Patrick Cohen, je me dis, tu vois, les chambres à gaz... Dommage.", disait-il plus précisément. A cette époque, Dieudonné s'en prenait déjà depuis plusieurs mois au journaliste de France Inter, qui avait publiquement assuré qu'il n'inviterait jamais le polémiste. Patrick Cohen avait également égratigné des confrères refusant d'envisager un tel boycott.

Mais la large diffusion de ces propos avait véritablement fait connaître la pensée Dieudonné au grand public. Si bien que Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur, avait donné instruction aux préfets d'engager des mesures d'interdiction de représentations du spectacle pour risque de "troubles à l'ordre public". La justice administrative ayant rejeté les recours de Dieudonné contre ces interdictions, le polémiste avait finalement présenté une nouvelle version de son spectacle, expurgée de ses attaques les plus frontales contre les Juifs.

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Parallèlement, le parquet de Paris avait ouvert une enquête pour "incitation à la haine raciale" sur les propos antisémites visant Patrick Cohen. Le journaliste ne s'est pas constitué partie civile.

"Un échange à distance avec le journaliste". La défense de Dieudonné, qui va plaider la relaxe, entend "replacer cette affaire dans son contexte", selon Sanjay Mirabeau, un de ses avocats. Car, pour lui, les propos incriminés sont "juste l'étincelle, pas la cause principale" ayant conduit à l'interdiction du spectacle.

Pour la défense, la sortie de Dieudonné relève avant tout "d'un échange, vif certes, mais un échange" à distance avec le journaliste. "Nous allons voir exactement les propos de Patrick Cohen", a expliqué l'avocat, qui dit avoir renoncé à faire citer le journaliste comme témoin "pour la sérénité des débats".

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Un habitué des procès de ce genre. Dieudonné M'bala M'bala, 48 ans, est un habitué des prétoires, avec plusieurs condamnations à des peines d'amende pour ses propos controversés. Vendredi dernier, il a d'ailleurs été condamné à 6.000 euros d'amende pour avoir lancé sur internet fin 2013 un appel aux dons pour payer de précédentes amendes.

Et il est toujours sous le coup de plusieurs procédures judiciaires.La dernière, pour apologie du terrorisme, lui vaut d'être convoqué devant le tribunal correctionnel de Paris le 4 février. En cause, un message posté sur sa page Facebook dans lequel il écrivait "je me sens Charlie Coulibaly", en référence à l'un des auteurs des attentats meurtriers de Paris, qui a tué quatre Juifs dans un supermarché casher ainsi qu'une policière municipale.