Il est près de 13 heures ce 9 janvier, lorsqu'Amedy Coulibaly pénètre dans l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris. "Venez tous ici ou sinon j'les tue tous !", ordonne le preneur d'otages, sur les nerfs. Sur sa poitrine protégée d'un gilet-pare-balles, l'homme équipé d'un véritable arsenal militaire a fixé une caméra GoPro. Avec cet appareil miniature, il va filmer les premières minutes de sa sanglante prise d'otage. Précisément 7 minutes et 45 secondes d'images versées à la procédure judiciaire en cours et à la retranscription desquelles les journalistes de l'Obs ont eu accès.
7 minutes de cauchemar. Celle-ci montre un terroriste "fébrile" selon L'Obs, excité, qui menace les clients et les employés du supermarché de les descendre s'ils ne lui obéissent pas : "Levez-vous où j’vais vous allumer !" Au hasard, il attrape ainsi l'un des clients à qui il demande son nom avant de l'exécuter de sang-froid. Il s'agit de la première exécution, sur les trois personnes tuées en sept minutes et dont la mort a été filmée. La quatrième victime sera abattue un peu plus tard.
Une diatribe contre les juifs. Aux otages, Amedy Coulibaly essaie alors d'expliquer son geste : "Vous avez pas compris, hein ? Vous êtes de quelle origine ?" demande-t-il. "Juif", répond l'un d'entre eux. Un autre lui dit qu’ils n'y sont pour rien, qu'ils n'ont rien fait. "Vous faites rien ? Vous ne financez pas ?", rétorque Coulibaly.
"Je ne tue pas les femmes". En revanche, le terroriste l'assure, il épargne les femmes. "Est-ce que j'ai tué une femme ? J'ai pas tué de femmes pour l'moment ! Pour l'moment, j'suis pas comme vous !", lance-t-il, un jour après avoir tué la jeune policière municipale, à Montrouge. Il envoie par ailleurs balader une jeune femme qui lui demandait de sortir pour aller chercher son enfant resté dans la voiture : "Elle va pas rester dans la voiture, ils vont venir la police, ils vont l’prendre !"
Peu adroit avec les armes. Enfin, s'il est parfaitement déterminé dans son discours antisémite, le terroriste ne manie pas pour autant les armes avec dextérité. L'Obs rapporte ainsi la note d'un enquêteur : "Coulibaly met plus de six secondes pour trouver le bon bouton pour ôter le chargeur de sa kalachnikov et pour le remettre correctement". Autre élément surprenant relevé par les enquêteurs, le preneur d'otage était peu débrouillard en informatique. Il a en effet demandé à l'un des otages de l'aider à transférer les images capturées par sa GoPro sur son ordinateur.
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